Breivik : son procès sera une tribune

© MAXPPP
  • Copié
avec Fabienne Le Moal, envoyée spéciale à Oslo , modifié à
L'extrémiste, auteur de la tuerie d'Oslo de juillet dernier, comparaît à partir de lundi.

Anders Behring Breivik voulait s'exprimer en anglais lors de sa première comparution. Et pour cause : à son procès, qui débute lundi à Oslo, plus de 300 journalistes seront présents, venus du monde entier. L'extrémiste, auteur des deux attaques qui ont fait 77 morts en juillet dernier en Norvège, risque bien de faire de cet événement une tribune pour ses idées.

La dernière expertise sur sa santé mentale affirme qu'il est sain d'esprit, de quoi le conforter dans son rôle d'activiste politique. Anders Breivik assure qu'il n'a rien à faire dans un asile. Pendant neuf ans, il a planifié les attentats, qu'il a commis déguisé en policier. Il est allé jusqu'à tester des médicaments pour tuer de sang froid et a publié un manifeste de 1.500 pages sur Internet pour justifier son geste.

"Breivik se veut soldat et théoricien"

Depuis des mois, Anders Breivik se prépare donc en prison pour son procès. "La première chose qu'il a demandée lors de son incarcération, c'est un ordinateur", raconte à Europe 1 Franck Orban, chercheur au ministère de la Justice norvégien. Anders Breivik a obtenu cet ordinateur, sans connexion à Internet. "On lui a permis de travailler entre une heure et trois heures par jour", indique Franck Orban.

"Il a eu cet ordinateur" :

 

L'extrémiste, âgé de 33 ans, est minutieux et va jusqu'à corriger les fautes d'orthographe dans les rapports d'interrogatoires de police. "Breivik se veut soldat et théoricien", note Franck Orban, pour qui le procès qui commence est "une tribune", un moyen de "présenter son mouvement, expliquer son geste et générer des vocations".

"Qu'il reste enfermé à vie"

Les familles de victimes ont d'ailleurs été mises en garde contre les provocations de Breivik, qui compte bien dire à l'audience qu'il n'est pas allé assez loin. Marianne Bremnes, une élue travailliste du nord de la Norvège, suivra le procès depuis le tribunal de sa ville, où il sera retransmis en vidéo. Le jour du carnage, elle a échangé plus de quarante SMS avec sa fille de 16 ans qui se trouvait sur l'île et tentait d'échapper aux tirs du tueur. Quatre amis de la jeune fille ont été tués par Breivik, qu'elle se refuse à nommer et appelle simplement "cet homme".

Du procès, elle n'attend qu'une seule chose : "peu importe qu'il soit fou ou pas, du moment qu'il reste enfermé à vie".