Birmanie : une mascarade électorale ?

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Europe1.fr (avec Reuters) , modifié à
Les Birmans votaient dimanche pour les élections parlementaires et régionales.

Un pas vers la démocratie ou une mascarade ? Les élections parlementaires et régionales, présentées par la junte birmane comme une étape historique vers la démocratie, devraient se traduire par une facile et large victoire de l'armée au pouvoir.

Des élections "tronquées"

Le scrutin, boycotté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, met aux prises deux puissants partis, soutenus par les soldats et virtuellement sans opposition.

Par la voix de leur secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, les Etats-Unis ont qualifié ces élections parlementaires de tronquées. "Nous assistons aujourd'hui à des élections tronquées en Birmanie qui démontrent une nouvelle fois les abus de la junte militaire", a déclaré Clinton dans une allocution prononcée à Merlbourne où elle participe à des entretiens diplomatiques et de défense avec l'Australie.

Des critiques mais pas de sanction

Les Américains, les Britaniques, mais également des gouvernements asiatiques ont émis des doutes sur la transparence de ces élections et rappellent que leur crédibilité est entachée par le fait que 2.200 prisonniers politiques dont Suu Kyi sont toujours en détention.

Ces élections ne devraient toutefois pas entraîner de nouvelles sanctions de la part des Occidentaux. Elles pourraient en revanche aider à réduire l'isolement de la Birmanie en Asie à un moment où sa voisine la Chine accroît ses investissements dans l'exploitation du gaz naturel et d'autres ressources minières de l'ancienne colonie britannique.

Pas de presse, pas d'Internet

A Rangoun, des unités de la police anti-émeutes ont pris position près de bureaux de vote quasiment vides et patrouillaient dans les rues à bord de camions militaires. La presse étrangère et les observateurs extérieurs n'ont pas été autorisés à suivre le déroulement du vote. Ces élections sont les premières pluralistes depuis celles de 1990 lorsque l'opposition démocratique l'avait très largement emporté. Le résultat avait été ignoré par les militaires au pouvoir depuis 1962.

Le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), paravent au pouvoir militaire, présente 27 ministres en exercice et a largement dominé la campagne électorale. Il brigue la totalité des 1.158 sièges mis aux voix. Son seul véritable rival est le Parti de l'unité nationale (NUP), autre expression politique de l'armée, qui se présente dans 980 circonscriptions.

Six partis ont déposé des plaintes auprès de la commission électorale affirmant que plusieurs centaines de fonctionnaires ont été contraints de voter par avance pour l'USDP. Au total, 35 partis sont en lice dans ces élections parlementaires et dans les scrutins pour désigner les 14 assemblées régionales, mais aucun n'a réussi à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions en raison de droits d'inscription élevés pour participer. L'internet fonctionnait à peine au cours week-end en Birmanie, certains accusant la junte de provoquer des coupures du réseau pour contrôler l'information.