Berlusconi, grandeur et décadence

Silvio Berlusconi a annoncé mardi qu'il quitterait le pouvoir une fois voté le nouveau budget.
Silvio Berlusconi a annoncé mardi qu'il quitterait le pouvoir une fois voté le nouveau budget. © REUTERS
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
La démission du Cavaliere sonne le glas d'un parcours peu ordinaire.

Alors que son règne touche à sa fin en Italie suite à sa démission, Silvio Berlusconi aura connu une destinée singulière. Self-made-man milliardaire, gaffeur invétéré et amateur impénitent de jeunes femmes, le Cavaliere peut se targuer, à 75 ans, de détenir le record de longévité à la tête d'un gouvernement italien malgré un profil pour le moins atypique sur la scène internationale.

Le président du Conseil italien, a en effet parfois assumé un côté potache au cours de sommets officiels. Ainsi, nul autre que lui n'aurait osé se cacher derrière un buisson pour faire "coucou" à la chancelière allemande Angela Merkel ou s'amuser à faire les cornes derrière un ministre espagnol pendant la photo de famille.

Ancien vendeur d’aspirateur devenu milliardaire

Milliardaire, le Cavaliere est resté propriétaire de son empire économique composé de la holding Fininvest, qui contrôle de nombreuses sociétés dont le groupe de télévision Mediaset, malgré le risque de conflit d'intérêts avec sa gestion des affaires du pays. Il est également le premier chef de gouvernement italien à posséder un club de football, le Milan AC, dans lequel il a beaucoup investi pour le porter à la tête du championnat d'Italie.

Ancien vendeur d'aspirateurs, chanteur et animateur de boîtes de nuit, Silvio Berlusconi a dévoilé ses tourments amoureux dans une série de chansons en vente chez tous les disquaires de la péninsule et a confié à ses compatriotes avoir eu recours à des liftings.

Il est aussi arrivé au Cavaliere de pousser la chansonnette en français, en témoigne cette vidéo :

Une multitude de dérapages verbaux

Les écarts de langage, gaffes et autres dérapages de Silvio Berlusconi sont légion. En novembre 2008, il qualifie Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, de "jeune, beau et même bronzé". En avril 2009, il conseille aux rescapés du séisme de l'Aquila, hébergés sous des tentes, de "prendre ça comme un week-end de camping". En février 2011, il déclare qu'il "ne veut pas déranger" son ancien allié Mouammar Kadhafi, en train de réprimer violemment la contestation en Libye.

Pendant longtemps, ses sorties d'un goût douteux -il est difficile de lutter contre le viol "car il y a trop de belles filles italiennes"...-, son goût assumé pour les très jeunes femmes -son nom est désormais associé au "bunga-bunga", nom donné à un jeu érotique qu'il aurait pratiqué dans des soirées torrides dans ses villas- n'ont pas entamé sa popularité. Mais ces derniers mois, ses sorties ne faisaient plus rire les Italiens. Selon les derniers sondages, sa cote de popularité avait chuté à 22%.

Trois procès intentés contre lui

Jugé "peu crédible" ces dernières semaines par plusieurs hauts dirigeants, Silvio Berlusconi est par ailleurs le premier président du Conseil en exercice à être poursuivi par la justice. Accusé entre autres de corruption et d'évasion fiscale, il a toujours refusé de se démettre de ses fonctions pour assurer sa défense, une situation impensable dans les pays du nord de l'Europe.

Plus embarrassant encore, il est poursuivi pour prostitution de mineure et abus de pouvoir, pour des relations sexuelles présumées avec une Marocaine surnommée "Ruby la voleuse de coeurs", mineure au moment des faits.

Et bientôt, Silvio Berlusconi ne pourra plus arguer de ses fonctions gouvernementales pour éviter de comparaître aux audiences des trois procès intentés contre lui en cours.