Allemagne : "Allo ? Mon fils veut aller en Syrie !"

L'ancien footballeur, Burak Karan a été tué au mois d'octobre dernier, lors d'un raid aérien de l'armée de Bachar al-Assad.
L'ancien footballeur, Burak Karan a été tué au mois d'octobre dernier, lors d'un raid aérien de l'armée de Bachar al-Assad. © Reuters
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Charles Carrasco et Hélène Kohl, correspondante d'Europe 1 en Allemagne
Une hotline a été mise en place par les autorités pour mieux contrôler les islamistes qui veulent prendre les armes.

L'INFO. C'est un phénomène qui touche de nombreux pays européens et l'Allemagne ne fait pas exception. De nombreux jeunes, nés en Allemagne et souvent bien intégrés, partent prendre les armes en Syrie. Les pouvoirs publics tentent de contrôler ce phénomène. La région de Francfort a donc décidé de lancer une hotline anonyme et gratuite pour les proches des apprentis djihadistes. 

Une hotline pour conseiller les proches. Ce numéro de téléphone est censé permettre de conseiller les proches. Bien souvent, les familles ou les enseignants remarquent bien une radicalisation mais n'ont pas le temps d'agir. Cette hotline est surtout un moyen de recenser les islamistes en puissance. Pour la police, cette initiative permet de surveiller ceux qui reviennent en Allemagne, une fois leur formation militaire achevée.

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Ils étaient scolarisés avant de partir. Rien qu'à Francfort, ville d'un peu plus de 600.000 habitants, 23 jeunes ont rejoint la Syrie. Ils sont 230 au total dans toute l'Allemagne à participer au djihad dans ce pays en proie à une guerre civile sanglante. Un chiffre qui ne recense que les cas connus. Pour la plupart, ce sont des garçons, et même quelques filles, qui étaient scolarisés avant de partir. Ils ont parfois été recrutés devant leur établissement par des groupes islamistes qui distribuent des tracts.

Un mode opératoire connu depuis longtemps de la police et des renseignements mais la Syrie a changé la donne. Avant, les djihadistes recrutaient des combattants à destination de l'Afghanistan ou du Pakistan. Il fallait de l'argent et un visa. Maintenant, un aller simple vers la Turquie suffit. Le reste du trajet se fait par la route. En quelques semaines, les lycéens deviennent des combattants.

Un footballeur mort au combat. L'exemple frappant de ce recrutement précoce se nomme Burak Karan. A seulement 20 ans, cet ancien espoir du foot allemand a décidé d'arrêter sa carrière prometteuse pour combattre le régime de Bachar al-Assad. Il évoluait en équipe d'Allemagne juniors (7 sélections chez les moins de 16 et 17 ans), aux côtés de Kevin-Prince Boateng ou de Sami Khedira.

"Il a commencé à regarder des vidéos sur Internet des zones de guerre. Il était désespéré, plein de compassion pour les victimes. Il a commencé à chercher des moyens d'aider ses frères. C'est ainsi qu'il a rejoint Emrah Erdogan (un homme jugé pour son appartenance à une organisation terroriste, ndlr)", a raconté son frère au journal allemand Bild. Il est parti en Syrie avec femme et enfants. L'ancien footballeur a été tué au mois d'octobre dernier, lors d'un raid aérien de l'armée de Bachar al-Assad.