Aide à la Syrie : un risque d'amalgame ?

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Médecins du monde redoute une confusion avec l’arrivée de militaires français dans un camp.

Le "groupement médico-chirurgical" déployé par le gouvernement français pour venir en aide aux réfugiés syriens est arrivé dimanche matin à Zaatari, à la frontière jordano-syrienne, et est désormais opérationnel, s’est félicité dimanche le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Mais son enthousiasme n’a pas été partagé par tous. L’ONG Médecins du Monde n’apprécie par l’arrivée de militaires dans un camp géré par des humanitaires et pointe "les risques de confusion des rôles".

Un renfort médical de poids

L'unité médicale française doit réunir environ 80 militaires, dont 25 membres du personnel médical : chirurgiens, anesthésistes, infirmiers, etc. Elle permettra de réaliser une dizaine d'actes chirurgicaux par jour, les médecins devant notamment prendre en charge des personnes blessées par balles lors des combats.

Dans le camp de Zaatari, Médecins du monde ne dispose que de "deux médecins, quatre infirmières et un référent psychologue". Le renfort de l’armée française devrait donc les soulager, mais il n’en est rien.

Attaché à son indépendance, Médecins du monde redoute en effet que cette présence militaire, même à vocation médicale, favorise le mélange des genres et ne lui complique la tâche à l’avenir. Si l’ONG est considérée comme trop proche de l’Etat français, elle risque de se voir refuser l’accès à certaines zones en guerre. 

"L’aide humanitaire ne peut être instrumentalisée"

"Ce que dénonce Médecins du monde, ce n’est pas l’intervention française, c’est juste de rappeler qu’il y a des principes : sanctuariser les hôpitaux, ne pas prendre en otage les médecins et soigner les victimes", a réagi le docteur Gilbert Potier, directeur des opérations internationales de l'ONG, mercredi sur Europe 1.

"Lorsqu’on parle d’humanitaires et qu’on voit arriver des militaires, il y a de notre point de vue une confusion", a-t-il ajouté. "Face à la présence de forces armées étrangères et notamment françaises à Zaatari, Médecins du Monde rappelle que l’action humanitaire n’est pas un instrument de résolution des conflits", poursuit l’ONG dans un communiqué.

Et Médecins du Monde d’enfoncer le clou : "inquiet du risque de confusion entre militaire et humanitaire, MdM souligne que l’aide humanitaire ne peut en aucun cas être instrumentalisée à des fins politiques ou militaires".