A Bangui, ils crient "Allez les Bleus" aux militaires

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Xavier Yvon, envoyé spécila à Bangui, et avec agences , modifié à
REPORTAGE E1- La présence française dans le pays attise les tensions entre chrétiens et musulmans.

Au passage des blindés français, les pillards lèvent le nez pour crier un "Allez les Bleus". Dans les rues de Bangui, ce sont des scènes de vols massifs qui se multiplient. A moins de cinq cent mètres du camp militaire français, une nuée d'hommes munis de machettes et de longs couteaux s’est abattue sur les commerces musulmans du quartier.

Pour ces chrétiens, les soldats français sont forcément de leur côté puisqu’ils désarment les miliciens musulmans. Ces sont ces combattants de l'ex-rébellion Séléka qui terrorisent les habitants depuis des mois. Mais les soldats de l'opération Sangaris ont désormais également pour tâche d'éviter une généralisation des représailles contre les civils musulmans de la part d'une population chrétienne effrayée.

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Les soldats français ont pour mission de "rétablir la sécurité, protéger les populations et garantir l'accès de l'aide humanitaire" en République centrafricaine, pays livré au chaos et à une spirale infernale de violences inter-religieuses depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par une coalition hétéroclite de groupes rebelles à dominante musulmane.

Les militaires français déployés en Centrafrique, qui ont perdu lundi deux des leurs, poursuivaient donc mercredi le périlleux désarmement des groupes armés à Bangui, après avoir reçu la veille le soutien appuyé du président François Hollande. Selon l'état-major français, la quasi-totalité des groupes armés ont été désarmés sans incident majeur et en moins de 24 heures, avec le soutien de la laforce africaine (Misca).

Frustrés d'avoir été désarmés et cantonnés dans leurs bases, beaucoup d'hommes de la Séléka sont de leur côté furieux d'avoir été privés par les Français de tout moyen de se défendre - avec leurs familles et leurs proches - face à la vindicte populaire.

Très peu d'informations arrivent par ailleurs des provinces, coupées du reste du pays, où beaucoup redoutent de découvrir de nombreux cadavres dans la brousse. "Nous sommes dans une dynamique infernale de représailles", avec le spectre d'un "match retour" des milices d'auto-défense villageoises (chrétiennes) et de nouvelles tueries de la Séléka dans leur retraite vers leurs bastions du nord, s'alarmait une source humanitaire.

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