400 marins russes ont débarqué à Saint-Nazaire

Le navire de classe Mistral "Vladivostok" aux chantiers navals de Saint-Nazaire, en avril 2014.
Le navire de classe Mistral "Vladivostok" aux chantiers navals de Saint-Nazaire, en avril 2014. © Reuters
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avec François Coulon, envoyé spécial à Saint-Nazaire, et AFP , modifié à
STAGE DE FORMATION - Ils viennent s'entraîner à l'utilisation des deux navires livrés par la France, sur fond de tensions internationales.

L'INFO. Il est arrivé lundi matin, sans tambour ni trompette. Vers 7 heures, le Smolny, navire-école russe, a traversé l'écluse du port de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, pour s'amarrer à quelques mètres du Vladivostok, l'un des deux porte-hélicoptères de classe Mistral construits par les chantiers navals STX pour la Russie. C'est sur ce bâtiment de projection et de commandement (BPC) que quelque 400 marins venus de Saint-Pétersbourg vont se former pendant trois mois, en attendant la livraison de ce navire, prévue à l'automne.

Une livraison polémique. En 2015, c'est le jumeau du Vladivostok, le Sébastopol, en cours d'assemblage, qui doit à son tour rejoindre les forces de la Marine russe. Mais sur fond de crise ukrainienne, cette livraison provoque des tensions entre Paris et ses alliés. Barack Obama a encore exprimé début juin son "inquiétude" sur la poursuite de tels contrats au moment où la Russie "a violé la loi internationale" en s'emparant de la Crimée.

"Tueurs de Poutine". Dimanche une  cinquantaine de militants pro-ukrainiens ont manifesté à Saint-Nazaire pour dénoncer la vente à Moscou de ces navires de guerre. "Hollande, non à la formation des 400 tueurs de Poutine","Hollande, l'honneur de la France vaut plus que des Mistral", pouvait-on lire sur des banderoles brandies non loin du Vladivostok.

"Ca me fait honte pour mon pays". Lundi matin à l'aube, seul un manifestant était présent en guise de comité d'accueil. Ce chef d'entreprise nantais est résolument opposé à la livraison des deux bâtiments. "Ca m'horrifie et ça me fait honte pour mon pays", s'est-il insurgé au micro d'Europe 1. "Je vois des militaires de Poutine qu'on va former à utiliser au mieux les navires d'invasion qu'on leur livre, donc à être des prédateurs, des agresseurs de leurs pays voisins. C'est pour moi quelque chose d'extraordinairement grave". Pour lui, "c'est absolument dramatique que la France utilise une telle vitrine pour faire connaître sa technologie".

Un contrat à 1,2 milliard. Pour autant, sauf durcissement de la situation en Ukraine, qui entraînerait un renforcement des sanctions internationales, Paris entend pour l'instant maintenir la vente des deux BPC. Il faut dire qu'à 1,2 milliard d'euros les deux Mistral, il s'agit d'un contrat juteux pour la France.