Un an avec sursis requis pour les deux gendarmes accusés de harcèlement sexuel

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Noémie Schulz avec et AFP , modifié à
JUSTICE - Les deux gendarmes de l'Yonne sont accusés de harcèlement sexuel aggravé sur l'une de leurs collègues. 

Gestes obscènes, propositions salaces, chaque jour, ou presque : le procès d'un adjudant et d'un maréchal des logis d'une caserne de l'Yonne, poursuivis pour harcèlement sexuel aggravé contre une jeune collègue, se tenait mardi à Paris.

La procureure a requis à l'encontre des deux gendarmes un an de prison avec sursis, ainsi qu'une interdiction d'exercer de cinq ans pour l'adjudant et une interdiction d'exercer définitive pour le maréchal des logis. L'affaire a été mise en délibéré au 5 avril.

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"Fais-moi un pipe". Ça a commencé "dès que j'ai téléphoné pour me présenter", avec une allusion sexuelle sur ses origines réunionnaises : Marie (prénom modifié), 26 ans, a accablé à la barre deux gradés de la brigade de Joigny, sur les bords de l'Yonne, où elle a travaillé d'octobre 2012 à novembre 2013. "Ça te dit un plan à trois ?" dans une voiture de patrouille aux sièges tachés de sperme ; "Fais-moi une pipe" ; "Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire". Sans compter des "gémissements" sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque...

"Obsédé par le sexe". "C'était normal, c'était habituel". En uniforme, la jeune femme a répondu aux questions de la présidente du tribunal d'une voix le plus souvent forte et nette. Elle a toutefois a dû s'assoir un instant, en réprimant des pleurs. Derrière elle, Julien G., adjudant, 38 ans, et Ludovic F., maréchal des logis chef, 37 ans, ont écouté, le visage impassible. Avant d'appeler la jeune femme à la barre, la présidente avait dressé le portrait du premier en "excellent militaire" et "meneur" d'une brigade désorganisée. A l'inverse, Ludovic F. est jugé par sa hiérarchie "fainéant", peu intelligent et "obsédé par le sexe". "C'est à se demander comment il a pu rester gendarme si longtemps?" a lancé la présidente. La jeune femme gendarme assure que ce dernier l'a aussi menacée de son arme de service.

Des "plaisanteries". Les deux gradés, suspendus, risquent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Pendant l'enquête, ils avaient parlé de "plaisanteries" avec leur jeune collègue. La présidente a parlé d'une affaire "extrêmement délicate", reposant sur une cinquantaine de procès verbaux d'auditions, parfois contradictoires, et sur des "impressions" de la hiérarchie. Cette dernière s'est révélée divisée face aux affirmations de la jeune femme, en novembre 2013. Certains supérieurs décrivent une sportive, adepte de boxe au "fort caractère", lui reprochant d'intriguer pour se faire muter auprès de son compagnon en région parisienne. D'autres décrivent une gendarme "au bout du rouleau", physiquement et psychologiquement marquée.