Procès Bettencourt : François-Marie Banier mis en difficulté

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avec Noémie Schulz et AFP , modifié à
Le procès Bettencourt a examiné lundi l'inestimable amitié qui liait l'héritière de L'Oréal à son confident François-Marie Banier, depuis les années 90.

Dons, chèques, tableaux, contrats d'assurances-vie… Le procès Bettencourt a examiné lundi l'inestimable amitié qui liait l'héritière de L'Oréal à son confident François-Marie Banier. Une relation qui a débuté dans les années 90, bien avant que la milliardaire ne perde ses facultés de discernement, et soit placée sous tutelle. Durant toutes ces années, François-Marie Banier a jonglé avec les centaines de millions d'euros que lui donnait la milliardaire. A la barre, ses explications sur les raisons de ces largesses n’ont pas convaincu.

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"Elle avait envie de partager cela avec moi". Le tribunal a patiemment examiné les actes notariés passés depuis 1997 chez Me Jean-Michel Normand, notaire de la milliardaire, lui-même prévenu au procès. Des actes qui donnent le tournis : un chèque de 17 millions de francs (3,2 millions d'euros) ici, de 11 millions (2,23 millions d'euros) là, ou encore un acte en 2001 attestant la donation de douze tableaux (Matisse, Picasso, Braque, Léger, etc.) totalisant 126 millions de francs (24 millions d'euros).

"Quand j'entends ces chiffres, c'est énormément de vertige", a admis François-Marie Banier, 67 ans, dont les souvenirs et explications fluctuent sur les circonstances des dons. Mais sûr de lui quand il martèle que Liliane Bettencourt "était une femme extrêmement généreuse, extrêmement reconnaissante, qui avait envie de partager cela avec moi". "Elle a donné à beaucoup d'autres gens...", assure l'artiste poursuivi pour abus de faiblesse et blanchiment portant sur plus de 400 millions d'euros entre 2006 et 2010.

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"J'ai une fortune qui me permet de faire ceci", "c'est ma liberté", lui disait Liliane Bettencourt, a encore affirmé François-Marie Banier, qui était à la fois son confident et son conseiller artistique, notamment pour ses achats d'œuvres d'art. D'où les dons de tableaux, marque de leur "cheminement artistique à tous les deux", lui disait-elle.

Un contrat d’assurance vie à 262 millions d’euros. Mais la donation qui a particulièrement retenu l’attention des juges lundi intervient à une période particulière. En septembre 2006, au cœur de l’affaire d’abus de faiblesse, la milliardaire fait une chute qui la laisse affaiblie et désorientée. Le lendemain de sa sortie de l’hôpital, Liliane Bettencourt reçoit François-Marie Banier, et lui fait signer une assurance vie au montant astronomique de 262 millions d’euros. "Qu’elle urgence y avait-il à signer ce contrat ? Pourquoi fallait-il aller aussi vite ?", interroge, offensif, le président du tribunal.

A la barre, François-Marie Banier répète ce qu’il a déjà expliqué plusieurs fois : "c’est elle qui voulait que j’accepte. Refuser c’était nier son plaisir." Il ajoute que son amie milliardaire était, malgré cette hospitalisation, alors "parfaitement bien".

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"C’est du grand art dans l’escroquerie". Une défense dont Me Benoît Ducos-Ader, l’avocat de Liliane Bettencourt, préfère sourire. "Il s’agit d’une personne très âgée, avec des sommes qui sont considérables, c’est du grand art dans l’escroquerie. Je pense qu’il a été martyrisé par Liliane Bettencourt pour accepter des sommes aussi folles. Pauvre Monsieur Banier", ironise l’avocat de la milliardaire au micro d’Europe 1.

Le président aussi ne semble guère goutter à ces explications. Pendant une demi-heure, l’échange entre ces deux hommes est musclé. Car non seulement François-Marie Banier accepte cette donation, mais il la signe le jour même. Pour sa défense, il assure qu’il ne connaissait pas le montant du contrat. Argument totalement contre-productif selon le procureur qui ironise : "c’est magnifique, vous voulez dire qu’elle lui donne sans lui dire ce qu’elle lui donne ?". François-Marie Banier ne semble pas trouver cela anormal. Mais il apparaît bien seul dans ce cas là.

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