Maternité d’Orthez : l'alcoolisme de l’anesthésiste déjà pointé en Belgique

La clinique d'Orthez, photographiée le 23 octobre 2014.
La clinique d'Orthez, photographiée le 23 octobre 2014. © IROZ GAIZKA / AFP
  • Copié
M.S. , modifié à
Helga Wauters, soupçonnée d’avoir causé la mort d’une patiente, avait été licenciée deux fois en Belgique pour des incidents liés à son alcoolisme, avant d’arriver à Orthez en 2014.

L’anesthésiste belge soupçonnée d’avoir causé la mort d’une patiente à Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques, avait déjà été licenciée deux fois en Belgique pour des fautes liées à sa consommation d’alcool. Comment a-t-elle été embauchée à la clinique d’Orthez ? Le Parisienretrace mercredi le parcours de Helga Wauters, d’un hôpital bruxellois en 2009 à son arrivée à Orthez en 2014. La médecin, mise en examen, est poursuivie pour "homicide involontaire aggravé" après le décès d’une patiente de 29 ans, Xynthia Hawke, le 30 septembre 2014, à la maternité d’Orthez.

"Faute grave liée à l’éthylisme". C’est en 2009, alors qu’elle travaille à l’hôpital Bracops de Bruxelles, que Helga Wauters commence à consommer beaucoup d’alcool. A sa propre demande, elle est hospitalisée pour une cure dans un service de psychiatrie, avant de démissionner. Un autre médecin signale qu’elle est "très déprimée et dans l’incapacité de travailler". Quatre ans plus tard, le 19 février 2013, l’anesthésiste est licenciée de l’hôpital Haute-Senne, à Soignies, dans l’ouest de la Belgique, pour "faute grave liée à l’éthylisme" lors d’une césarienne.

Elle est embauchée en août 2013, dans la clinique belge Saint-Joseph Saint-Vith, avec une clause que Le Parisien qualifie d’"inédite" : elle doit accepter de passer un éthylotest à tout moment. Elle sera à nouveau licenciée le 19 février 2014 parce qu’elle n’arrive pas à faire une péridurale et que "son haleine sent l’alcool", selon le médecin-chef. C’est la dernière étape de son itinéraire professionnel en Belgique.

Aucune trace dans son dossier. Helga Wauters entre à la clinique d’Orthez à l’été 2014, à la faveur d’une pénurie d’anesthésistes en France. L’établissement a fait appel à un cabinet de recrutement, qui reçoit la candidature de l’anesthésiste. Son dossier est accepté par l’ordre départemental des médecins des Pyrénées-Atlantiques. Celui-ci demande à l’ordre des médecins belges ses diplômes et un extrait de son casier judiciaire. Or les deux hôpitaux dont elle a été licenciée ne l’ont pas signalé à l’ordre des médecins belges : ils estiment que "l’éthylisme et la dépression sont des maladies qui ne se dénoncent pas sur la base d’un incident".

"Rien de suspect n’apparaissait dans son dossier. Elle a donc pu exercer", souligne dans Le Parisien André Deseur, le vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins. "Il est inadmissible que l’on ait autorisé impunément cette anesthésiste à continuer d’exercer son métier malgré tous les signaux d’alerte graves", s'indigne dans le quotidien Philippe Courtois, l’avocat de la famille de la victime. Helga Wauters, qui avait reconnu avoir bu de l’alcool le soir du drame, est en liberté sous contrôle judiciaire depuis décembre 2014.