L'heure du verdict pour la filière djihadiste de Cannes-Torcy

Plusieurs vagues d'interpellations ont eu lieu pour démanteler la cellule, jusqu'en 2014 (photo d'archives).
Plusieurs vagues d'interpellations ont eu lieu pour démanteler la cellule, jusqu'en 2014 (photo d'archives). © AFP
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avec AFP , modifié à
Trois ans avant les attentats parisiens de 2015, cette cellule était considérée comme une des plus dangereuses de France.

Après deux mois de procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, vingt membres présumés de la filière djihadiste de Cannes-Torcy, considérée comme une des plus dangereuses de France, seront fixés jeudi sur leur sort.

Un procès en pleine vague d'attentats. L'accusation les croit "prêts à recommencer" et a demandé des "peines exemplaires", allant jusqu'à la perpétuité pour l'auteur présumé d'un attentat à la grenade dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise) en 2012, qui n'a miraculeusement pas fait de mort. De lourdes peines, de 14 à 20 ans de prison, ont été requises pour des séjours en Syrie ou des projets d'attaque. La défense a exhorté la cour à ne pas juger "dans la peur" -alors que trois attentats ont été commis en France depuis le début du procès le 20 avril-, à s'arrimer au code pénal pour rendre "la justice" et ne pas partir "en croisade".

Dix dans le box. La parole est donnée jeudi matin une dernière fois aux accusés, avant que la cour ne se retire pour délibérer : âgés de 23 à 33 ans, ils sont dix dans le box, sept comparaissent libres et trois sont en fuite.

Une cellule très dangereuse. Trois ans avant les attentats parisiens de 2015, cette cellule était considérée comme une des plus dangereuses de France. A l'audience, elle a été décrite par les enquêteurs comme "le chaînon manquant" entre le djihadiste toulousain Mohamed Merah et le réseau qui allait frapper la salle de spectacles du Bataclan.

"L'intention de tuer". L'attentat de Sarcelles, un crime antisémite et leur principal fait d'armes, n'a pas fait de mort "mais l'intention était bien de tuer", a martelé l'avocat général Philippe Courroye, fustigeant l'apparente désinvolture de certains accusés, parfois "rigolards", ne laissant selon lui "aucun doute" quant à leur "radicalité" toujours intacte. L'accusation a décrit une filière redoutable, fruit du rassemblement des "frères" de Cannes (Alpes-Maritimes), sous les ordres de Jérémie Louis-Sidney, un chef violent "bouillant" de sa haine des juifs, et des "frères" de Torcy (Seine-et-Marne), autour de Jérémy Bailly, le fidèle lieutenant.

La perpétuité après l'attentat de Sarcelles. En l'absence du chef, tué lors de son interpellation, la peine la plus lourde a été requise à l'encontre de Jérémy Bailly : la perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, pour avoir lancé une grenade dans l'épicerie casher de Sarcelles le 19 septembre 2012. "Une peine de mort civile" pour sa défense. Jérémy Bailly, qui n'a pas caché son engagement djihadiste, a toujours nié sa participation à cet attentat, comme l'en accuse Kevin Phan, le chauffeur de l'équipée, benjamin du groupe. Contre ce dernier, 25 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté des deux tiers, ont été demandés. "Plus que la durée de sa vie", a relevé son avocate.