La directrice morte dans sa maternelle avait posté des courriers mettant en cause l'Éducation nationale

Le corps avait été découvert lundi matin dans l'école Méhul de Pantin. Photo d'illustration. © CHRISTOPHE SIMON / AFP
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avec AFP

Le corps de la directrice âgée de 58 ans a été découvert lundi matin dans le hall de l'école Méhul, à Pantin. L'hypothèse du suicide est privilégiée.

Plusieurs directeurs d'école de Pantin, en Seine-Saint-Denis, ont reçu mardi des courriers rédigés par la directrice retrouvée morte lundi dans le hall d'une école maternelle, dans lesquels celle-ci met en cause l'Éducation nationale, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

Le corps de cette femme, âgée de 58 ans, a été découvert lundi matin dans le hall de l'école Méhul, en proche banlieue parisienne, mais la mort est "vraisemblablement intervenue samedi", selon une source proche de l'enquête. L'hypothèse du suicide est privilégiée dans l'attente des résultats de l'autopsie réalisée mardi.

Elle met en cause "la surdité de la hiérarchie"

Sur place, les enquêteurs avaient retrouvé "plusieurs courriers écrits de sa main pour informer de son choix" et "une affichette à l'entrée de l'école à l'intention de la gardienne". Mais mardi, plusieurs directeurs d'école de cette ville populaire ont reçu par la poste un courrier signé de la main de la directrice, a indiqué une source proche de l'enquête.

Dans ces courriers envoyés samedi, soit le jour présumé de sa mort, la fonctionnaire "met en cause la surdité de la hiérarchie et l'absurdité de ses conditions de travail", a dit un enseignant pantinois qui a pu consulter l'une de ces lettres mais a souhaité rester anonyme.
Selon lui, "une quinzaine de courriers" ont été reçus après sa mort par les écoles de la ville. "Elle évoque les demandes sans queue ni tête, les tâches chronophages, les incidents avec les familles... Et l'absence de soutien de la hiérarchie. Elle dit qu'elle se supprime pour ça", a ajouté cet enseignant.

Le SNUipp-FSU 93 va déposer une "alerte sociale"

Le SNUipp-FSU 93, également destinataire du courrier et dont la directrice était membre, a pointé dans un communiqué "la solitude de la mission de direction d'école dans les tâches quotidiennes administratives et organisationnelles qui s'accumulent, (qui) devient au fil des années insupportable".

Le syndicat évoque notamment des missions de direction d'école "complexifiées ces dernières années", avec "des injonctions hiérarchiques, parfois contradictoires", et le "manque de formation et d'accompagnement lors de la gestion de situations de crise".
"Pour que la mort tragique de notre collègue et camarade ne soit pas vaine", le syndicat a indiqué son intention de déposer une "alerte sociale", protocole préalable à un préavis de grève auprès de la direction académique, exigeant "du ministre, du recteur, comme du Dasen (directeur académique) des réponses concrètes pour garantir la santé, l'intégrité morale et physique des personnels".

Cette enseignante "très expérimentée et très dévouée", célibataire et sans enfant, "pour qui son travail était toute sa vie", avait par ailleurs enduré "de fortes lésions personnelles et sentimentales", nuance une source proche de l'enquête, évoquant notamment des décès dans son entourage.

L'école a rouvert mardi

L'école, qui accueille 300 enfants, a été fermée lundi. Elle a rouvert mardi avec des modalités d'accueil particulières, a expliqué le rectorat. Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a été saisi par l'Académie de Créteil. Le ministère de l'Education a par ailleurs donné son feu vert à une enquête administrative.