Un directeur d'école soupçonné de viols sur deux élèves de CP

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et avec Jean-Luc Boujon et AFP , modifié à
Cet enseignant, âgé de 45 ans, aurait imposé des fellations à au moins deux fillettes de sa classe de CP. Il a reconnu les faits, mardi, lors de sa garde à vue.

C'est un scénario de l'horreur qui se serait joué au fond d'une classe d'école dans l'Isère. Le directeur d'un établissement scolaire situé dans la commune de Villefontaine, dans le nord du département, est soupçonné d'avoir imposé des fellations à au moins deux fillettes de sa classe de CP. Il a été interpellé lundi et placé en garde à vue pour des faits de viols sur mineurs. Il a reconnu les faits, mardi, lors de sa garde à vue.

Quels sont les faits reprochés au directeur ? Selon les premiers éléments de l'enquête, les faits se seraient déroulés entre décembre et mars dernier, au fond d'une salle de classe, derrière un paravent. Le directeur aurait mis en place ce qu'il appelait "un atelier du goût" : les yeux bandés, les enfants devaient identifier des "choses" que l'enseignant leur faisait goûter. Ce sont les descriptions et les plaintes de deux élèves âgées de six ans qui ont amené leurs parents à porter plainte immédiatement. Avec leurs mots d'enfants, les deux fillettes ont raconté qu'elles avaient dû toucher avec les mains et avec la bouche ce qui ressemblait à un "tuyau" ou à un "zizi". L'une d'entre elles a expliqué que cela était arrivé à plusieurs reprises.

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© Capture Google maps

"Les deux petites filles ont raconté des choses extrêmement troublantes qui, avec leurs mots, peuvent s'apparenter à des fellations imposés par surprise", a précisé le procureur de Vienne, Matthieu Bourrette, au micro d'Europe 1. "L'enseignant avait mis en place une sorte de module où les enfants, à tour de rôle, pouvaient aller au fond de la classe (avec lui) dans un espace qui était protégé par un paravent. L'enseignant, après leur avoir bandé les yeux, leur faisait découvrir par le jeu des sens et notamment par le jeu du goût, la réalité de certains objets", a rapporté le magistrat. "Deux petites filles ont fait état de ce qu'elles avaient dû ingérer. Elles ont raconté cela à leurs parents qui sont venus déposer plainte à la gendarmerie il y a quelques jours".

Chez lui, des images pédopornographiques. Le directeur nie les faits. Mais les perquisitions réalisées à son domicile, où il a été interpellé lundi, ont débouché sur la découverte de contenus à caractère pédopornographique : un film et des images stockés sur une clé USB.

Un homme déjà condamné pour des faits similaires. Cet enseignant, âgé de 45 ans et père de famille, a pris les rênes de l'école de Villefontaine à la rentrée dernière, à son arrivée en en tant que directeur. Un fait troublant quand on apprend que l'homme avait été condamné en 2008 pour recel d'images à caractère pédopornographiques. Que savait l’Éducation nationale du passé chargé de ce fonctionnaire ? L'enseignant avait écopé à l'époque de 6 mois de prison avec sursis avec obligations de soins psychiatriques mais d'aucune interdiction d'exercer une profession en lien avec les enfants.

"Ces précédents n'étaient pas connus de l’Éducation nationale. Donc il n'y a rien dans le dossier de ce monsieur, de cet enseignant, concernant cette première condamnation. L’Éducation nationale l'ignorait totalement", a indiqué mardi l'inspectrice d'académie de l'Isère au micro d'Europe 1.  "Il semblerait d'après les informations que j'ai eue que cette condamnation n'était pas assortie d'une interdiction d'exercer en présence de mineurs. Donc, de fait, cela n'interdisait pas, du point de vue la justice, l'exercice de son métier", a-t-elle ajouté. "Si l’Éducation nationale l'avait su, une procédure administrative aurait été engagée. Ce sont des faits qui sont graves et qui auraient été traités comme des faits graves".

Une enquête administrative ouverte. La ministre de l'Education a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête administrative, après la révélation de cette affaire. "Afin de faire toute la lumière sur cette affaire et sans préjudice de l'enquête judiciaire placée sous l'autorité du Parquet", la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a "immédiatement diligenté une enquête administrative confiée à l'inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche", a indiqué le ministère dans un communiqué.

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