Gap : un homme jugé pour avoir mortellement percuté un enfant au ski

© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le jeune homme, âgé de 16 ans au moment de l'accident, comparaît pour "homicide involontaire".

Un jeune homme de 19 ans comparaît mercredi à Gap, trois ans après avoir mortellement percuté un garçon de 7 ans sur une piste de ski des Hautes-Alpes, où la présence d'un radar marqueur de vitesse avait été décriée. Le procès se déroulera devant le tribunal pour enfants et à huis clos, l'auteur des faits étant mineur (16 ans) au moment de l'accident.

Jusqu'à 3 ans de prison. Le prévenu est jugé pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement", a précisé le procureur de la République, Raphaël Balland. La peine maximale encourue est de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, que l'excuse de minorité divise par deux, sauf cas très particulier.

L'enfant portait un casque. "Ce sera la première fois que nous rencontrerons la personne qui a tué notre fils, qui a brisé notre vie et ne nous a jamais adressé un mot", a déclaré le père de la victime. "Comble de l'ironie", souligne ce médecin rennais, "ce gamin est né le même jour que mon fils". Le drame s'était produit le 6 mars 2014, pendant les vacances d'hiver, sur une piste bleue de la station de la Joue-du-Loup dans le massif du Dévoluy. L'adolescent était arrivé à pleine vitesse sur cette piste pour débutants et avait violemment percuté, en aval, un enfant qui portait un casque de protection.

Mort sur place. "Filao a été projeté à 30 mètres et n'a pas survécu à la terrible violence du choc. Il est mort sur place, dans la neige, dans mes bras", confie le père de la jeune victime. Il se rappelle avoir pris sa fille de 4 ans avec lui, en voiture, pour aller chercher sa femme qui était à Marseille, avant "d'aller voir mon gamin à la morgue". "On ne m'a pas proposé de voir un psychologue, à moi !", se remémore cet homme meurtri et très en colère contre les responsables de la station.

60km/h de vitesse. Selon les parents, l'enquête a établi que l'adolescent, originaire d'Amiens, déboulait à "60 km/h, en ligne droite, sans chercher à ralentir à la rupture de pente". La présence d'un radar de vitesse sur le bord de la piste, installé pour faire ralentir les skieurs mais qui, dans les faits, les incitait plutôt à battre des records, avait été mis en cause, et par là-même la responsabilité de la station. L'engin avait été retiré dès le lendemain de l'accident.

Responsabilité de la station écartée. "La seule dénégation de l'adolescent qui affirme que le radar n'a joué aucun rôle sur sa vitesse excessive a conduit la justice à écarter toute responsabilité de la station et de la mairie", déplorent les parents qui avaient fait appel de l'ordonnance de non-lieu pour la station. Fin novembre, la chambre de l'instruction de Grenoble avait confirmé cette décision en renvoyant le skieur imprudent devant le tribunal.