Fusillade de Roye : notre journaliste raconte son agression

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Alors qu'il était en reportage sur les circonstances de la fusillade qui a coûté la vie à quatre personnes, mardi soir, Lionel Gougelot a été violemment agressé.

Parti en reportage sur les circonstances de la fusillade qui a coûté la vie à quatre personnes, mardi soir, Lionel Gougelot a été violemment agressé et frappé aux abords du camp des gens du voyage, comme son collègue de RTL, Franck Antson, lui aussi blessé. Notre journaliste a été hospitalisé pour des examens et souffre d'une côte cassée et d'une fracture au doigt.

>> Pour Europe 1, il a accepté de revenir sur les circonstances de son agression.

"Une pensée pour la famille et le gendarme". Avant de revenir sur les évènements qui ont conduit à son passage à tabac, Lionel Gougelot a tenu à rappeler qu’il intervenait dans le cadre d’un fait divers particulièrement sensible, au cours duquel une famille a été décimée et un gendarme tué. "Je voudrais avoir une pensée pour la famille qui a été décimée mardi après-midi dans ce terrible fait-divers. Et aussi pour le gendarme qui a payé de sa vie lors de cette intervention sur ce fait-divers particulièrement tragique", a-t-il insisté.

Mardi, à Roye, dans la Somme, un homme a fait irruption vers 18 heures dans un camp de gens du voyage pour faire feu sur une famille : trois personnes, dont un nourrisson de 6 mois, sont mortes. Alertés, les gendarmes sont arrivés sur place et ont été pris pour cible. Un militaire a succombé à ses blessures dans les heures suivantes.

"La vue d’une caméra peut générer des tensions". C’est dans ce contexte qu’intervient l’agression des journalistes. C’est avec une grande compréhension que Lionel Gougelot décrit le climat délétère qui régnait au campement des gens du voyage. "On a tout de suite senti en arrivant que l’ambiance était tendue puisque la communauté des gens du voyage était sous le choc. Et c’est parfaitement compréhensible. On sentait que les journalistes n’étaient pas les bienvenus. On l’a senti notamment quand les journalistes de télévision ont été repoussés assez violemment, l’un d’entre eux a été blessé. Ils ont été violentés par des gens de la communauté qui étaient excédés et bouleversés par le drame. Ce genre de choses peut, dans un sens, se comprendre, puisque la vue d’une caméra, dans ce genre de situation, ça peut générer des tensions", admet-il.

"Nous avons discuté très simplement, très sobrement". Mais il était loin d’imaginer que lui et son confrère, généralement aidés par leur posture de journaliste radio, seraient pris pour cible aussi violemment, alors qu’ils avaient interrogé dans le calme quelques membres de la communauté. "Nous, les journalistes de radio, nous avons un équipement qui est discret. On sait se faire discret. On n’est pas aussi visibles que les journalistes de télévision. En arrivant sur place, nous avons pris contact avec quelques personnes, nous avons discuté très simplement, très sobrement. Nous avons senti que ce n’était pas la peine de sortir les micros, de poser des questions à tout le monde et à n’importe qui. Nous n’avons pas du tout été dans la confrontation. Nous étions seulement là pour observer ce qu’il se passait. On était également dans l’attente d’une conférence de presse des autorités", détaille-t-il.

"Profitant que je sois à terre, six personne m’ont tabassé". C’est finalement un petit groupe qui va envenimer la situation et en venir aux mains avec les deux journalistes. "Nous nous étions écartés de 200 mètres, quand là, un groupe de gens du voyage nous a interpellés. Ils ont commencé à nous insulter, à nous traiter de 'charognards', le genre d’insulte classique dans ces cas-là. L’un d’entre eux s’est mis à courser mon collègue de RTL. J’ai tenté de m’interposer en lui disant de se calmer. Et c’est là qu’il m’a coursé. J’ai été pris à partie avec un autre homme avec lequel je me suis battu. J’ai pu me défendre. Malheureusement, avec mon Nagra de 10 kilos, j’ai été déstabilisé, je suis tombé. C’est là que six personnes, profitant que je sois à terre en ont profité pour me tabasser, me rouer de coups. J’ai une côte cassée et une main en vrac, je vais être opéré dans une clinique spécialisée sur la chirurgie de la main", rapporte-t-il.

Europe 1 condamne l'agression de son envoyé spécial sur place. Mardi soir, Europe 1 a appris l'agression de Lionel Gougelot, l'envoyé spécial d'Europe 1 à Roye. Alors qu'il essayait de faire son travail, le reporter d'Europe 1 et son confrère de RTL Franck Antson ont été brutalement agressés par un groupe de six personnes. Europe 1 condamne avec la plus grande fermeté ces agressions.