Explosion de Rosny-sous-Bois : "on a besoin de réponses"

L'immeuble de Rosny-sous-Bois qui a explosé en septembre 2014.
L'immeuble de Rosny-sous-Bois qui a explosé en septembre 2014. © BERTRAND GUAY / AFP
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Chloé Triomphe avec Cécile Bouanchaud
Un an jour pour jour après l'explosion qui a détruit un immeuble de Rosny-sous-Bois, causant huit morts et des dizaines de blessés, les victimes se disent "oubliées" par la justice.

Un an jour pour jour après l'explosion qui a détruit un immeuble de Rosny-sous-Bois, causant huit morts et des dizaines de blessés, les victimes se disent "oubliées" par la justice. Elles n’ont aucune nouvelle sur l’avancée de l’enquête en cours. Les indemnisations sont au point mort. Si bien que certains survivants ont dû se débrouiller seuls pour se reloger. La Fédération des Victimes d'Accidents Collectifs (Fenvac) dénonce non seulement une enquête qui traîne mais aussi une insuffisante prise en charge des survivants.

"On a besoin de réponses". Abandonné, c’est le sentiment d’Alban, 25 ans, qui a survécu à l’effondrement de l’immeuble, protégé par son matelas. Si en apparence rien ne le différencie des jeunes de son âge, il explique qu’il souffre toujours de séquelles auditives, d’une double hernie discale et surtout de l’absence totale d’explication.

"Je sais que cette année a été très chargée en drames collectifs. Mais ma mère est décédée et je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas qui est responsable. Pendant deux mois j’ai été en fauteuil roulant, ensuite j’ai été en béquille, mon état n’est toujours pas consolidé. Et mentalement, je revis le drame tous les soirs. Tout ce que je sais, c’est que l’explosion a été énorme. Ça a été instantané. J’ai attendu 2h30 dans les décombres que l’on m’entende, dans l’inconnu total, ne sachant pas qui était vivant, qu’est-ce- qu’il se passait. Un an après l’accident, je n’ai pas de réponse. On n’a pas été reçu par le procureur. On n’a pas été informé sur l’état de l’enquête. On ne peut pas se contenter de reprendre notre vie comme ça. On a besoin de réponses", lâche-t-il.

Un collectif de victimes bientôt créé. Les seules informations concernant l’enquête font état d’une fuite de gaz, mais les causes exactes de l’explosion restent mystérieuses. Mais l’enquête risque d’être freinée une nouvelle fois redoute Me Gerard Chemla, avocat de la Fenvac. "Les victimes sont complètement livrées à elles-mêmes, dans une sensation d’abandon, d’absence d’information qui est très préoccupante. Au bout d’un an, nous n’avons pas rencontré les juges. Il n’y a pas eu d’information effective. Les indemnisations ne sont pas organisées. Le juge d’instruction quitte le tribunal. Nous n’allons plus avoir d’interlocuteur. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé  au procureur de la République de transférer le dossier au pôle d’incident collectif, créé cette année au tribunal de grande instance de Paris", détaille-t-il.

Le juge chargé de l’enquête va quitter en effet son poste pour le pole accident collectif du parquet de Paris. Les victimes espèrent donc qu’il va emmener le dossier avec lui et les recevoir enfin. Découragées, elles envisagent également de créer un collectif pour se faire entendre.