Djihad en Syrie : jusqu'à 10 ans de prison au procès de la "filière de Nîmes"

Des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement ont été prononcées vendredi contre cinq personnes parties en Syrie. (Illustration)
Des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement ont été prononcées vendredi contre cinq personnes parties en Syrie. (Illustration) © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Les enquêteurs évaluent à plus d'une vingtaine de jeunes gens à avoir gagné la Syrie via cette filière entre 2012 et 2014. 

Des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement ont été prononcées vendredi à l'encontre de cinq jeunes gens, jugés à Paris pour leur appartenance à une filière d'acheminement de djihadistes en Syrie. Quatre hommes, qui comparaissaient détenus, ont été condamnés à 8 à 10 ans de prison par le tribunal correctionnel pour "avoir participé à une filière d'acheminement de volontaires pour le djihad en Syrie". Les peines sont assorties d'une période de sûreté des deux tiers. Une femme a été condamnée à 4 ans de prison, dont deux avec sursis, pour financement d'une entreprise terroriste.

Les enquêteurs avaient baptisé le réseau "la filière de Nîmes", dans le Gard. Ils évaluent à plus d'une vingtaine de jeunes originaires des cités populaires de la ville qui ont gagné la Syrie par ce biais entre 2012 et 2014.

Une histoire qui préfigure celle de Lunel. Les prévenus se connaissent, sont amis d'enfance ou fréquentent la même mosquée. Leur histoire préfigure celle survenue à Lunel, petite ville de l'Hérault qui a connu en 2014 le départ d'une vingtaine de jeunes pour la Syrie. Les hommes ont effectué des allers-retours en Turquie ou en Syrie. Les premiers à partir, en août 2012, furent Anas O.- un Franco-marocain de 32 ans considéré comme un pilier du réseau, condamné vendredi à dix ans d'emprisonnement - et Axel B., un converti décrit comme très violent dont la mort a été annoncée par les organes de propagande djihadiste.

Un réseau bien rôdé. Les enquêteurs ont décrit un réseau bien rôdé, avec Anas O. dans un rôle logistique - récupérer de l'argent pour l'envoyer en Syrie -, et les frères A., qui seraient toujours en zone irako-syrienne, dans un rôle de passeurs. D'autres, comme le Nîmois Joni M. D. S. P., seraient morts en kamikazes en Irak.

La seule femme jugée, condamnée à deux ans ferme. Selon le tribunal, Anas O. est parti en Syrie dans "le but évident de mener des combats avec visée djihadiste" et a également "favorisé le départ de trois personnes". À ses côtés dans le box, le converti Benoît Roussillon, qui a reconnu avoir combattu dans les rangs djihadistes, a été condamné à huit ans d'emprisonnement. Placé sur écoute, il parlait de tuer "tous les koufars (mécréants)" et rêvait de se faire exploser dans un train. Les deux autres hommes ont été condamnés à huit et neuf ans d'emprisonnement. La seule femme jugée l'a été à deux ans ferme pour avoir envoyé de l'argent à ses frères partis en Syrie.