Disparition de Mathis : "Non, je ne l'ai pas tué", affirme son père

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Sylvain Jouanneau, le père de Mathis, disparu en 2011. © AFP
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CB et C.P.-R. avec AFP , modifié à
Entré le poing levé dans la salle d'audience des assises de Caen, où il est jugé pour l'enlèvement et la séquestration de son fils, Sylvain Jouanneau a affirmé mardi qu'il n'avait pas tué Mathis et que celui-ci était "sous protection musulmane". 

Image marquante au procès de Sylvain Jouanneau, jugé pour l'enlèvement et la séquestration de son fils Mathis, 8 ans, disparu en 2011. Le père de famille, qui refuse depuis trois ans de dire où est l'enfant et s'il est toujours vivant, est entré mercredi le poing levé dans la salle d'audience, devant les nombreuses caméras présentes, au troisième jour de son procès aux assises de Caen. Et pour la première fois depuis lundi, il a affirmé ne pas avoir tué son fils.

"Un geste synonyme de combat". Mardi matin, l'accusé est entré le poing levé devant la cour. "Ce n'est pas un geste de provocation. C'est juste un geste synonyme de combat" comme peuvent le faire certains sportifs, a répondu l'accusé à la présidente, Antoinette Lepeltier-Durel, qui lui demandait des explications pour ce geste. "Je suis face à des gens qui m'agressent", a-t-il ajouté sur un ton toujours très posé et calme, faisant apparemment allusion aux parties civiles. Etant donné "la forte médiatisation", "plutôt que de montrer quelqu'un qui s'écroule, si des personnes doivent avoir une image de moi je préfère qu'elles voient quelqu'un de combatif", a précisé Syvain Jouanneau. Et d'ajouter : "je m'écroulerai ce soir dans ma cellule".

Il n'aurait pas tué Mathis. Âgé de 41 ans, ce maçon n'a pas ramené son fils à sa mère le 4 septembre 2011 comme il aurait dû le faire. Il a été arrêté le 9 décembre 2011, seul, près d'Avignon après avoir été aperçu à six reprises par des témoins, mais toujours seul. A la question de la présidente de la cour "Mathis est-il mort?", l'accusé a répondu, sans finir sa phrase : "Mais non, pourquoi..." Pour la première fois en trois jours de procès, le père a assuré ne pas avoir tué son enfant. "D'après les dernières infos que j'ai, je suis tout à fait rassuré", a-t-il ajouté.

Son fils "sous protection musulmane"... Mais si Mathis est vivant, où est-il ? Malgré les demandes répétées des proches de Mathis, épuisés, et celles des magistrats, Sylvain Jouanneau se contente de dire qu'il a confié l'enfant à des tiers à l'étranger et refuse d'en dire plus afin, selon lui, de "protéger" ces tiers. Dans un brouillon de lettre retrouvé sur son ordinateur et lu mercredi à l'audience, Sylvain Jouanneau répète seulement que son fils est "sous protection musulmane". "Sur le fond, je pourrais écrire la même lettre aujourd'hui", a indiqué l'accusé, chemise bleue, longue queue de cheval et barbe noires.

... Une piste peu crédible. Mais selon deux policiers entendus mercredi, ce courrier de 2011 affirmant qu'il a confié Mathis à des "complices sûrs et puissants" est peu crédible. "Il est décrit comme quelqu'un de solitaire. Pour entrer en contact avec ce genre d'organisation, il faut des moyens. Ces contacts, on ne les a pas retrouvés sur ses ordinateurs", note le capitaine David Gaston, à la barre. Pour lui, la piste "musulmane" est peut-être même une fausse piste sur laquelle l'accusé a mis volontairement les policiers. Même si Sylvain Jouanneau s'est converti à l'islam quand il a failli épouser une Marocaine en 2006, "il est resté sur le territoire national", estime le capitaine.

En revanche, son collègue n'exclut pas qu'il soit allé à l'étranger, mais "pas au Maroc" car il n'avait pas de passeport. Des arguments contestés par l'accusé qui soutient avoir dépensé 5.000 euros pour un passeport, que Mathis est devenu musulman et qu'il a changé de nom. Des recherches ont été effectuées en vain, notamment au Maroc, et dans les milieux sectaires en France.

Décrit par la famille maternelle de Mathis comme "manipulateur", Sylvain Jouanneau encourt 30 ans de prison. Le verdict doit être rendu jeudi.