Plusieurs chevaux ont été agressés en France. Photo d'illustration. 1:30
  • Copié
Charles Guyard, édité par Ariel Guez
Alors que les cas de chevaux attaqués se multiplient en France depuis le début de l'année, les habitants et les propriétaires du Trégor s'organisent pour protéger les enclos et donc les bêtes. Après plusieurs attaques, un climat de psychose s'est installé dans ce secteur des Cotes d'Armo. Et les risques de dérives inquiètent.
REPORTAGE

"Ça va partir en chasse à l'homme, c'est le risque". Élisa n'a qu'une crainte : que la tranquille campagne du Trégor où elle vit ne prenne des accents de far-west. "On a les nerfs à vif", dit-elle, après qu'un cheval a été retrouvé égorgé dans un champ et d'autres mutilés entre Lannion, Guingamp et Morlaix. En quelques heures, la semaine dernière, un climat de psychose s'est installé dans ce secteur des Côtes d'Armor où les habitants s'organisent pour traquer le ou les auteurs. Car la rancœur d’Élisa, ils sont près de 1.200 à la partager sur un groupe Facebook créé spécialement juste après cette série d'attaques.

Une dizaine d'équidés tués ou mutilés depuis le début de l'année

Un autre groupe Facebook, qui compte plus de 7.000 membres (dont 4.000 inscrits la semaine dernière) baptisé "Justice pour nos chevaux", répertorie toutes les affaires en France : depuis le début de l'année, au moins une dizaine d'équidés ont été tués ou mutilés dans plusieurs départements de métropole. Dans le Trégor, les membres s'organisent. Ils sont donc 1.200 à se relayer toutes les nuits pour patrouiller. "Les rondes sont organisées sur différents secteurs et on observe. Notre but est d'identifier les individus, relever les plaques d'immatriculation et alerter la gendarmerie", explique Élisa, tout en prévenant : "On n'est pas là pour jouer aux cow-boys".

"J'ai entendu dire que s'ils étaient arrivés au bon moment, ils se seraient fait justice eux-même"

Mais mieux vaut éviter de se balader de nuit dans les environs en ce moment, car si une charte de bonne conduite a été diffusée sur le réseau social pour rappeler que toute violence est interdite, certains se disent ouvertement près à s'en affranchir : les autorités s'inquiètent. "J'ai entendu dire que s'ils étaient arrivés au bon moment, ils se seraient fait justice eux-mêmes", explique au micro d'Europe 1 le maire de Plouzélambre. Depuis qu'un cheval a été retrouvé mort sur sa commune, ‎André Coënt perçoit clairement monter ce sentiment de vengeance.

Face à ces élans de radicalité, il prévient : "Il ne faut pas que ces gens-là, qui se baladent dans la nature le soir, interviennent, parce que ça pourrait être très dangereux pour eux. Et d'autre part, surtout, qu'ils ne soient pas armés, c'est hors la loi". L'élu conclut en rappelant que toutes ces rondes pourraient compliquer le travail des enquêteurs qui, pour l'instant, n'ont établi "aucun fil conducteur" entre les différentes affaires.