Violences parentales : "il va finir par me tuer"

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Propos recueillis par François Coulon, correspondant d'Europe 1 dans l'Ouest , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Morgane, une Bretonne de 20 ans, se confie sur les violences parentales qu'elle a subies.

D'habitude cantonnées à la sphère familiale, les violences faites aux enfants sortent de ce semi-anonymat pour être auscultées par un colloque organisé vendredi au Sénat. Valérie Trierweiler, la première dame de France, préside ce rendez-vous auquel assisteront les ministres Christiane Taubira (justice), Dominique Bertinotti (famille), Vincent Peillon (éducation) ou Najat Vallaud-Belkacem (droit des femmes). Anne Tursz, pédopsychiatre responsable scientifique du colloque, estime que 10% des enfants sont victimes de violences parentales en France, qu'elles soient psychiques, physiques voire sexuelles. Europe 1 a rencontré Morgane, une Bretonne de 20 ans qui a, comme ses quatre frères et soeurs, subi durant des années des violences graves de la part de ses parents. Et si aujourd'hui son père purge une peine de 30 ans de prison pour torture, barbarie et viol, et sa mère 3 ans pour non dénonciation de crime, la jeune femme n'est pas pour autant soulagée.

Le "plaisir" de faire mal. "Ça a commencé vers 6 ans", se souvient-elle. "Ça a commencé par un simple fouet, après avec une grande barre en fer, puis nous avons été ficelés dans l'eau glacée, plus ou moins étouffés. Toute la souffrance qu'ils pouvaient nous faire, pour eux, c'était un plaisir", lâche la jeune femme. "On savait que si on sortait un mot, on rentrait et on se faisait tuer".

"L'espoir" de mourir. Devant l'incessante répétition des coups, Morgane n'espère plus rien, sinon le pire, parfois. "L'idée de mourir a été très présente. Je me disais : 'de toute façon, ça ne va pas s'arrêter, il va finir par me tuer'. J'ai eu de l'espoir à croire ça. Je me disais : 'si j'étais morte, je ne serais plus en train de me faire battre, à subir tout ça", confie-t-elle émue.

"Ils ne changeront jamais". "On ne peut pas pardonner nos parents. Il n'y a pas de pardon qui existe pour ça", souligne la jeune femme. "D'un autre côté, ce sont quand même nos parents. Et dans un petit coin de notre tête, on aimerait bien se dire qu'ils vont changer. Mais ils ne changeront jamais", déplore-t-elle encore, fataliste. "Après, il y a des moments où on se dit que c'est parce qu'on a parlé qu'ils sont en prison. Il y a toujours un petit peu de cet amour qui est là. Mais il y a aussi beaucoup d'incompréhension, en se demandant souvent pourquoi. Pourquoi ils ont décidé de nous faire du mal comme ça ? On n'a pas mérité ça. On n'a pas d'explication, et je crois que je ne l'aurais jamais", conclut Morgane.