Un médecin et deux infirmières jugés après la mort d'un détenu

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avec AFP , modifié à
PROCÈS -  La mort du détenu italien Daniele Franceschi à la maison d'arrêt de Grasse avait suscité une vive émotion en Italie comme en France.

L'info. Un médecin et une infirmière, poursuivis pour l'homicide involontaire d'un détenu italien décédé en prison à Grasse le 25 août 2010 à l'âge de 35 ans, se sont défendus de toute négligence mercredi au premier jour de leur procès. "S'ils avaient fait leur travail, mon fils serait en vie", a estimé mercredi sa mère, Cira Antignano, venue au tribunal correctionnel de Grasse accompagnée d'une vingtaine de compatriotes de Viarregio, dans le nord de l'Italie.

Incarcéré en France pour l'utilisation d'une carte bancaire falsifiée dans un casino, le jeune charpentier italien s'était plaint de vives douleurs et de difficultés respiratoires dans des lettres à sa mère et au service médical de la maison d'arrêt.

Vive émotion des deux côtés des Alpes. Le décès de Daniele Franceschi avait suscité un vif émoi en Italie. Le ministre italien des Affaires étrangères de l'époque, Franco Frattini, était notamment intervenu pour que le corps du détenu soit rapatrié pour une seconde autopsie. L'ex-première dame française Carla Bruni-Sarkozy, d'origine italienne, avait même écrit à la mère du détenu, l'assurant que "la justice française répondrait à ses attentes".

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Daniele Franceschi, un charpentier, est mort officiellement à la prison de Grasse d'une crise cardiaque et l'autopsie française a exclu des chocs traumatiques. Mais la famille n'a cessé de réclamer des éclaircissements sur les circonstances exactes du décès. "Mon fils, il n'est pas mort comme ça. Il a été battu et personne ne me l'enlèvera de l'esprit", avait affirmé sa mère sur Europe 1 en octobre 2010 :

Le détenu s'était plaint de douleurs. A la barre, le médecin généraliste de la maison d'arrêt, qui avait ausculté l'Italien le jour de sa mort, a expliqué s'être focalisé sur la douleur à l'épaule décrite par le détenu.  "Par souci de sécurité car la douleur était dans la partie supérieure du corps", le médecin procède à une prise de sang, une radiographie pulmonaire et un électrocardiogramme. Les résultats de la prise de sang, disponibles sur le site internet du laboratoire de l'hôpital de Grasse à 13h10, révèleront un taux trois fois supérieur à la normale d'un enzyme révélateur potentiel d'une souffrance cardiaque, la troponine.

"Le laboratoire aurait dû me le signaler immédiatement par téléphone et personne de m'a signalé la persistance et l'aggravation des symptômes du patient", s'est défendu le médecin devant le tribunal, renvoyant la balle aux infirmières et au laboratoire.

Les infirmières prévenues deux fois.  Le co-détenu de l'Italien, ainsi qu'un surveillant de prison, alertent deux infirmières, respectivement à 11h30 et 13h00, en évoquant l'état de santé alarmant du détenu se tordant de douleur. Les deux infirmières ne se déplacent pas, car elles estiment que l'homme a été vu par le médecin quelques heures plus tôt. A 17h10, Daniele Franceschi est retrouvé inanimé dans sa cellule au retour de son co-détenu, des soins sont prodigués en vain. Son décès est constaté à 17h50. Les analyses seront regardées après sa mort.

"Les détenus veulent à tout prix être reçus à l'infirmerie"."Je suis infirmière, j'ai des limites. Le médecin l'avait vu et avait fait un diagnostic", a commenté l'une des infirmières à la barre. "Les détenus veulent à tout prix être reçus à l'infirmerie", a-t-elle expliqué, "si vous n'êtes pas strict, vous vous faites manger".

Sa collègue, enceinte et craignant d'être trop angoissée par l'audience, ne s'est pas déplacée au tribunal malgré la visite express mercredi matin d'un expert médical qui a conclu qu'elle pouvait être présente. Le procureur a pris note de "son refus" de venir devant les juges. L'ancien directeur de la prison, ainsi que deux experts médicaux, ont également été longuement interrogés mercredi.