Treiber : le scénario de l’enquêteur

Le policier qui a mené l’enquête sur le double meurtre Lherbier / Giraud dévoile dans un livre, qui sort jeudi, sa vision personnelle de l’affaire. Et ce, un an après le suicide de Jean-Pierre Treiber (photo), le principal suspect.
Le policier qui a mené l’enquête sur le double meurtre Lherbier / Giraud dévoile dans un livre, qui sort jeudi, sa vision personnelle de l’affaire. Et ce, un an après le suicide de Jean-Pierre Treiber (photo), le principal suspect. © MAXPPP
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Marion Sauveur avec Guillaume Biet , modifié à
Le policier qui a mené l’enquête dévoile dans un livre, qui sort jeudi, sa vision personnelle de l’affaire.

"J’ai eu besoin d’écrire". Le chef d’enquête sur le double assassinat de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier publie un livre, jeudi, intitulé L’affaire Treiber. Michel Cunault est un homme frustré, comme il se décrit lui-même au micro d’Europe 1, un an après le suicide de l’unique accusé du meurtre, Jean-Pierre Treiber. Le policier attendait le procès de l’assassin présumé. Un procès qui n’aura jamais lieu.

"Je voulais expliquer toute l’enquête qui avait été menée" :

L’enquête est expliquée avec minutie et détails dans les quinze premiers chapitres du livre. Dans la dernière partie, Michel Cunault "donne un avis sur l’affaire, tout à fait personnel", et livre ainsi son "scénario" du drame. L’ancien policier, aujourd’hui à la retraite, s'exprime sans détours.

Marie-Christine Van Kempen serait "la commanditaire"

Dans ce seizième chapitre, Michel Cunault affirme que Marie-Christine Van Kempen, la tante de Géraldine Giraud et mise en cause au départ dans l’affaire, connaissait Jean-Pierre Treiber. Selon lui, ils se sont rencontrés au bar de l’Espérance, à Fontainebleau, avec l’amie du garde-chasse, Patricia Darbeaud.

Le policier peint Marie-Christine Van Kempen comme "visiblement amoureuse de Katia" Lherbier et renchérit en expliquant qu’elle "pourrait être la commanditaire : elle commande une expédition punitive à Jean-Pierre Treiber en lui promettant de l’argent". Et cet argent, précise Michel Cunault dans son ouvrage, "il en trouvera sur Géraldine (Giraud) qui a souvent une forte somme sur elle".

Treiber aurait éprouvé "une jouissance à les exécuter"

Michel Cunault déroule ensuite son scénario. Il explique comment, selon lui, "Jean-Pierre Treiber cueille les filles à leur arrivée dans l’appartement" de la tante de la fille de Roland Giraud, avant de les descendre dans la cave. Il précise ensuite comment, selon lui, Jean-Pierre Treiber "gaze (Katia Lherbier et Géraldine Giraud) comme des animaux nuisibles".

Sur le principal accusé, le policier a une conviction : "cet homme n’a peut-être pas seulement été poussé par un réflexe de défense face à une réaction des victimes, (…) il aurait déjà tué et il en aurait éprouvé du plaisir". Selon l’ancien enquêteur, le garde-chasse "n’aime pas les homosexuelles. On peut imaginer qu’il a éprouvé une jouissance supplémentaire à les exécuter".

"Quand Marie-Christine Van Kempen apprend que les filles sont mortes, elle ne peut pas et ne veut pas assumer l’horreur", écrit le policier à la retraite pour qui, la tante de Géraldine Giraud aurait seulement "voulu leur faire peur". Et Michel Cunault de conclure : "elle n’en assumera jamais les conséquences : elle est libre, même si cette liberté a un sale goût".

Le livre attaqué en justice

Reste que cette prise de position déplaît particulièrement à Marie-Christine Van Kempen. Son avocat, Me Jacques-Michel Frenot, estime que ce livre "représente un mépris profond pour l’institution judiciaire" et que l’ouvrage est "une présentation tronquée de l’enquête ne visant que des éléments à charge". Il ajoute que "le rapport de synthèse que Michel Cunault a remis au juge d’instruction et le scénario qu’il a imaginé ont été rejetés par tous les magistrats saisis de cette affaire".

C’est pourquoi, explique-t-il, Marie-Christine Van Kempen "donnera les suites judiciaires qu’il convient à cette situation".