Retour sur le 3è procès Bissonnet

L'avocat général a demandé mercredi à la cour d'assises de l'Aude de confirmer la peine de 30 ans de réclusion criminelle prononcée en première instance contre Jean-Michel Bissonnet.
L'avocat général a demandé mercredi à la cour d'assises de l'Aude de confirmer la peine de 30 ans de réclusion criminelle prononcée en première instance contre Jean-Michel Bissonnet. © MAXPPP
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avec agences
Europe1.fr fait le point sur ce troisième procès Bissonnet dont le verdict est attendu jeudi.

"Manipulateur extraordinaire". Telle est la qualification de l’avocat général, Manon Brignol, à l’encontre de Jean-Michel Bissonnet accusé d’être le commanditaire du meurtre de son épouse.

L’ancien homme d’affaire, explique Manon Brignol, aurait usé de son ascendant sur ses deux co-accusés, le jardinier Méziane Belkacem, 52 ans, qui dit avoir assassiné Bernadette Bissonnet contre la promesse de 30.000 euros et le vicomte Amaury d'Harcourt, 86 ans, qui admet avoir participé aux préparatifs du crime et caché l'arme. Retour sur les temps forts de ce nouveau procès.

Bissonnet nie sur tout

Pendant les deux premières semaines de ce procès en appel, le riche retraité a nié avec conviction avoir fait tuer la "femme de sa vie". S'il a souvent pleuré à l'évocation de Bernadette, les audiences n'ont pas pris le tour de psychodrame permanent qu'elles avaient en première instance.

Jean-Michel Bissonnet a nié être le commanditaire du meurtre de sa femme. Il a également démenti farouchement avoir tenté de maquiller la scène du crime en cette soirée fatidique du 11 mars 2008.

Le malaise du vicomte 

Lundi matin, le vicomte Amaury d’Harcourt a fait un malaise durant l’audience provoquant l’incertitude sur la poursuite des débats devant les assises de l'Aude à Carcassonne. Vers 10h30 les débats ont été suspendus et le vicomte a dû être examiné par des médecins. 

Sans cet accusé, le procès ne pouvait pas continuer à moins qu’Amaury d’Harcourt ne renonce formellement à comparaître, ce qu’il a accepté. "C'est un homme épuisé, éreinté par quinze jours de lourdes audiences", a expliqué Me Balling, son avocat, en dehors du prétoire. 

La famille se déchire 

Mardi, les familles de la victime et du principal accusé, Jean-Michel Bissonnet, sont passées à la barre. Comme depuis cette soirée fatidique du 11 mars 2008, les membres des familles sont divisés. D’un coté, le père de la victime, Pierre Juan, et les enfants du couple, Marc et Florent, sont persuadés de l’innocence de Jean-Michel Bissonnet. De l’autre, le frère de la victime, Pierre-Jean Juan, croit en la culpabilité de Jean-Michel Bissonet. 

Marc et Florent ne "sont pas dans le déni" parce qu'il serait insupportable d'être "à la fois l'enfant de la victime et l'enfant de l'assassin", mais ils n'ont pas eu la preuve absolue de la culpabilité de leur père, plaide leur avocate Me Raphaële Chalié. Si elle avait trouvé des preuves indubitables, elle avait "carte blanche" pour faire bloc contre l'accusé, dit-elle. 

"Un furieux mensonge"

De l’autre coté, Jean-Pierre Juan répète sa conviction qu'il y a un "furieux mensonge dans ce procès, visible pour les uns, invisible pour les autres". "Il faut passer du mensonge à l'aveu", lance-t-il à l'intention de son beau-frère. Sinon, "le pardon n'est pas possible". 

Car pour lui, explique l'un de ses conseils, Me Luc Abratkiewicz, aucun doute n'est permis sur le scénario machiavélique imaginé par Jean-Michel Bissonnet. Comment Jean-Pierre Juan pouvait-il "soutenir l'insoutenable" ou "trahir sa soeur", demande-t-il. "Votre suicide judiciaire, lance-t-il à l'adresse de Jean-Michel Bissonnet, c'est votre problème, mais vous ne pouvez plus continuer à faire souffrir tous ces gens".