Procès du Carlton de Lille : le jugement lis en délibéré au 12 juin

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avec AFP , modifié à
A l’exception de Dodo la Saumure, le procureur n'a pour l'heure requis que des peines de sursis à l’encontre de six des 14 prévenus poursuivis pour proxénétisme aggravé.

"Nous travaillons avec le Code pénal pas avec le code moral". C’est en ces termes que le procureur a débuté son réquisitoire mardi devant le tribunal correctionnel de Lille. L'affaire dite du Carlton de Lille a permis le démantèlement non d'un "réseau mafieux", mais des "pratiques d'un groupe d'amis", a lancé Frédéric Fèvre en introduction. Les réquisitions entamées mardi matin doivent durer jusque dans l'après-midi. En fin de matinée, à l’exception de Dodo la Saumure, le procureur avait seulement requis des peines de sursis à l’encontre de six des 14 prévenus poursuivis pour proxénétisme aggravé.

Concernant DSK, le procureur a requis la relaxe "pure et simple" dans l'après-midi.

>> Mise à jour le 20 février : Le tribunal correctionnel de Lille a mis vendredi son jugement en délibéré au 12 juin à 11H00 .

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"L'absence totale de considération pour les femmes". "Ce qui m'a frappé, c'est l'absence totale de considération pour les femmes qui sont reléguées au simple (état) d'objet de plaisir", constate Frédéric Fèvre dans un premier bilan des débats. Tout comme le président du tribunal Bernard Lemaire en avait rappelé la nécessité en début du procès, Frédéric Fèvre s'en tient à la loi. "Nous travaillons avec le code pénal, mais pas le code moral", souligne-t-il.

15 mois avec sursis avec sursis contre René Kojfer. Le procureur, debout devant un petit pupitre en bois sur lequel sont posées ses notes, commence par le cas de René Kojfer. Cet ancien chargé des relations publiques de l'hôtel Carlton de Lille est celui par qui le scandale est arrivé. Il est soupçonné d'avoir mis en relation des prostituées avec des entrepreneurs du Pas-de-Calais, qui eux-mêmes connaissaient DSK.

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Qualifié de "sergent-recruteur de la prostitution lilloise" au sens des affaires aiguisées - il exigeait des prostituées qu'il mettait en relation avec des clients soit une prestation gratuite, soit un pourcentage sur la location de la chambre -, René Kojfer voit requérir à son encontre 15 mois avec sursis et 2.500 euros d'amende.

Prison ferme requise contre Dodo la Saumure. Contre l’ami de longue date de René Kojfer, Dodo la Saumure, le procureur a requis deux ans de prison, dont un avec sursis, et 10.000 euros d'amende. Des réquisitions qui tiennent compte du "passé judiciaire" de Dodo la Saumure, qui affiche treize condamnations dont deux pour proxénétisme.

"Le tableau qu'il nous dresse de ses établissements est idyllique, mais du Déjeuner sur l'herbe de Manet, on passe rapidement à Guernica de Picasso", quand Jade, l'une des anciennes prostituées, explique que les filles y étaient présentées comme "de la viande sur des esses de boucher", assène Frédéric Fèvre.

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Sa compagne et partenaire en affaires, Béatrice Legrain, comparaissait également pour proxénétisme aggravé. Le procureur a requis trois mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende.

De la prison avec sursis pour Henrion, Franchois et Riglaire. Le parquet a requis huit mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende à l'encontre de Francis Henrion, le directeur du Carlton de Lille et Hervé Franchois, le propriétaire de cet hôtel. Ces derniers sont soupçonnés, d'avoir aidé des clients à trouver des prostituées.

Contre l'avocat Emmanuel Riglaire, qui a présenté Mounia, son amante dont il était le client occasionnel aux yeux du parquet, ce dernier a demandé trois mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende, pour lui avoir présenté David Roquet, le trésorier du réseau.

De simples amendes requises pour d'autres. De simples amendes ont été requises contre deux autres prévenus sans lien avec les fameuses soirées, mais qui avaient demandé à René Kojfer de les mettre en contact avec une prostituée pour l'offrir à l'un de leurs clients.

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"Relaxe pure et simple" pour DSK. "Ni l'information judiciaire, ni l'audience" n'ont permis d'établir l'infraction de proxénétisme aggravé pour DSK, a estimé à l'issue de son réquisitoire le procureur Fèvre après avoir requis  la relaxe "pure et simple" pour l'ancien patron du FMI. Cette décision s'inscrit dans la continuité du non-lieu requis par le parquet de Lille avant le renvoi en correctionnelle de l'ancien favori socialiste à l'élection présidentielle de 2012.

Le tribunal peut désormais choisir de suivre ou non cet avis. En théorie, Dominique Strauss-Kahn risque toujours jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.