Meurtre à la valise : deux femmes écrouées

Le visage de la victime, reconstitué à la demande des enquêteurs.
Le visage de la victime, reconstitué à la demande des enquêteurs. © DR
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L'enquête sur une mystérieuse valise découverte au large de Lorient en 2011 touche au but.

Le 13 juillet 2011, deux plaisanciers découvraient une mystérieuse valise flottant dans la rade de Lorient. A l'intérieur, le corps d'un homme pieds et poings liés, le visage recouvert de ruban adhésif. Deux ans plus tard, au terme d'une longue et fastidieuse enquête, deux femmes ont finalement été mises en examen samedi pour assassinat, puis écrouées. Récit. 

Un appel à témoins infructueux. Tout commence donc avec cette découverte macabre à l'entrée de la rade de Lorient. Les enquêteurs ne disposent alors que de peu d'indices : le corps en lui-même, une ceinture de marque italienne et enfin une mystérieuse clef retrouvée dans la poche de la victime. Dans un premier temps, l'autopsie révèle que la victime est morte "par asphyxie mécanique suite à l'intervention d'un tiers". Les gendarmes font alors procéder à une reconstitution faciale, en effectuant un moulage du visage de la victime. En s'appuyant sur ce masque mortuaire, les gendarmes lancent alors un appel à témoins.  En vain : ce premier travail ne permet pas d'identifier la victime.

Les enquêteurs auront plus de chance avec la clef, "oubliée" dans la poche de l'homme de la valise.

rade de lorient

La clef de l'enquête. Pendant dix-huit mois d'enquête, les gendarmes tentent de remonter la piste du "sésame". Une chance pour les enquêteurs : il n'existe que 400 exemplaires de ce modèle en France. Les militaires parcourent alors la France à la recherche d'une piste chez les "grossistes et les détaillants", comme l'indiquait en mai dernier Christine Le Crom, procureure adjointe à Lorient, dans les colonnes de Ouest-France. Puis, par un incroyable concours de circonstances, ils font mouche. "Un serrurier s’est souvenu être intervenu dans un appartement inoccupé de la région parisienne. Bingo : la clé rentrait !", rapportait encore la magistrate.

Les enquêteurs ont désormais l'identité de leur victime : Mickaël, 57 ans, propriétaire d'un salon de massage à Paris.

Un salon de massage et une jeune prostituée. Dès lors, tout s'accélère. Mardi dernier, un coup de filet mené à Paris et Lorient, permet d'interpeller quatre personnes. Parmi elles, deux femmes intéressent les enquêteurs d'un peu plus près. La première, Sabrina, 27 ans, est la compagne de la victime et la gérante de son salon de massage. La seconde, Élodie, 26 ans, était l'employée du couple… mais pas seulement. Selon Le Parisien, cette jeune femme originaire de Lorient, désireuse de devenir gardien de la paix, mais "endettée et fragile psychologiquement", se prostituait au sein de l'établissement, "enchaînant jusqu'à dix passes par jour". Aux enquêteurs, la jeune femme aurait expliqué avoir été sous l'emprise de sa gérante qui lui octroyait 3.000 euros de revenus mensuels. Mickaël, lui, passait chaque soir pour ramasser la recette du jour.

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© REUTERS

Paris-Lorient en taxi, la valise dans le coffre. Tout aurait basculé le 21 juin 2011, au cours d'une dispute entre Mickaël et sa compagne, Sabrina. La jeune femme frappe l'homme au visage avec un objet lourd, puis l'étrangle à l'aide d'un câble d'imprimante. Le lendemain, Sabrina sollicite l'aide de sa sœur, mis en examen samedi pour recel de cadavre, afin d'acheter la fameuse valise permettant de dissimuler le corps... dont il faut désormais se débarrasser. La gérante pense alors aux origines bretonnes d'Elodie, l'employée fragile, dont le père possède un bateau à Lorient. Les deux jeunes femmes chargent leur valise dans le coffre d'un taxi et filent direction Lorient. C'est là, avec l'aide du père d'Elodie, que la valise est jetée au large. L'homme, qui a reconnu les faits, a lui aussi été mis en examen  pour recel de cadavre. Libéré et placé sous contrôle judiciaire, il nie cependant avoir eu connaissance du contenu "sensible" du bagage. 

Séjours en psychiatrie. Par la suite, Sabrina se serait rendue au domicile de Mickaël pour y récupérer une somme importante. De son côté, Elodie, a quitté le salon et réussi le concours de gardien de la paix. Mais la jeune femme, qui a depuis effectué plusieurs séjours en établissement psychiatrique, n'a jamais pu enfiler un uniforme de la police nationale.