L’opération anti-drogue tourne au fiasco

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Frédéric Frangeul avec Guillaume Biet
Un cargo a été immobilisé trois semaines aux Antilles pour être fouillé. A bord : 4.000 tonnes de bananes.

Un flop magistral. L’opération devait permettre la saisie de trois à six tonnes de cocaïne.Elle n’aura abouti qu’à la destruction de 4.000 tonnes de bananes. Un navire marchand croisant au large des Antilles et parti de Colombie a été intercepté par la Marine nationale le 15 septembre dernier pour être arraisonné à Fort-de-France, en Martinique. Après trois semaines de fouilles, l’opération douanière s’est conclue sur un fiasco : pas un gramme de drogue n’a été retrouvé dans la cargaison du navire.

Trois semaines de fouilles. Les douaniers étaient pourtant sûrs de leur fait. Et pour cause : ils disposaient d’un tuyau qu’ils croyaient en or, émanant de la DEA, la prestigieuse agence américaine anti-drogue. Pour procéder à la fouille du Stina, un cargo battant pavillon de la Barbade et long de 151 mètres, les douaniers et les militaires ont travaillé d’arrache-pied pour décharger 200.000 cartons au total.

Matignon a donné l’ordre de poursuivre. Après deux semaines infructueuses les douaniers ont décidé d’en référer à leur hiérarchie pour savoir s’il fallait, oui ou non, poursuivre les inspections. Selon les informations recueillies par Europe 1, la question est remontée jusqu’à Matignon qui a donné l’ordre de fouiller le navire en intégralité. Sans plus de succès.

Qui va payer la facture ? Le Stina est finalement reparti, sans sa cargaison qui a été détruite. Reste désormais pour les autorités une lourde ardoise à régler, d’un montant de plusieurs millions d’euros. Théoriquement, ce devrait être à la direction des douanes française de payer, mais, étant donné l’importance de la facture, tous les acteurs de cette affaire, à savoir la Marine nationale, la douane et l’Office des stupéfiants se renvoient la balle. A moins que les Américains eux-mêmes n’acceptent de mettre la main à la poche, eux qui étaient si sûrs de leur renseignement.