L'affaire Ajimi relancée par le parquet ?

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Abdelhakim Ajimi est mort lors de son arrestation. Les policiers ont bénéficié d'un non-lieu.

C’est une décision qui pourrait conduire l’affaire Ajimi dans une toute autre direction. Vendredi, le procureur de Grasse a décidé de faire appel de l'ordonnance de non-lieu rendue par les juges chargés d'instruire le dossier de la mort d'Abdelhakim Ajimi. Ces magistrats avaient décidé mercredi de ne pas retenir la responsabilité de deux policiers de la Brigade anti-criminalité de Grasse.

Retour sur les faits : le 9 mai 2008, Abdelhakim Ajimi est interpellé par deux policiers. Son décès est constaté quelques heures plus tard au commissariat.

Mort d'une asphyxie

Selon la Commission nationale de déontologie de la sécurité, Abdelhakim Ajimi s’est violemment débattu et a dans un premier temps blessé l'un des deux policiers. Mais il a finalement été maîtrisé et couché à terre, un policier assis sur son dos à califourchon et l'autre lui faisant une clé d'étranglement. Déjà bleu et inconscient selon plusieurs témoins, il aurait été "jeté" dans un voiture de police secours, où il était tombé inerte au sol, sans que les membres de l'équipage ne s'inquiètent.

Quelques jours après la mort d'Abdelhakim Ajimi, le parquet avait ouvert une information judiciaire pour "homicide involontaire". Les rapports d'expertise médicale ont conclu que la mort du jeune homme était due à une asphyxie mécanique consécutive à une compression thoracique et une clef de bras pratiquées par les policiers avec trop de force et durant trop longtemps.

Les policiers dans la ligne de mire

La Commission nationale de déontologie de la sécurité a elle-même rendu un avis demandant que les deux policiers fassent l'objet de poursuites disciplinaires pour "avoir eu un recours à la force disproportionné, tant dans sa durée que dans son intensité, à un moment où cela n'était plus nécessaire".

Mais les juges Catherine Bonnici et Sandrine André sont depuis le début de l’affaire sur une autre ligne. Ils ont dans un premier temps maintenu les deux policiers sous le statut de simple témoin assisté. Puis, mercredi, ils ont rendu une ordonnance de non-lieu les concernant. Alors que dans le même temps, ils renvoyaient cinq personnes en correctionnelle pour non-assistance à personne en danger.

Le Comité de soutien "Justice pour Hakim" organise samedi à Grasse une marche du souvenir, depuis le lieu de l'interpellation du jeune homme de 22 ans, boulevard Victor-Hugo, jusqu'à la mairie.