Inondations : "C'est mort comme en 1999"

© Reuters
  • Copié
W. Berissoul, G. Ruiz, J. Thérence, M. Feneau (correspondants) avec N.Marois , modifié à
TÉMOIGNAGES E1 - Var, Aude, Pyrénées-Orientales … les intempéries ont fait de nombreux dégâts et laissé les habitants traumatisés.

Alors que le Var a été touché jeudi et vendredi, c'était le tour, ce week-end, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales d'être balayés par de fortes précipitations. Des rivières sont sorties de leur lit, provoquant de nombreuses inondations et la mort de cinq personnes. Partout, après les décrues, les habitants ont commencé à constater les dégâts dans l'Aude, les Pyrénées-Orientales et le Var. Témoignages.

>> LIRE AUSSI - Intempéries : l''Aude et le Var restent en vigilance orange 

Des voitures empilées. À Portel-des-Corbières dans l'Aude, la rivière est montée de 3,50 mètres en l'espace d'un quart d'heure et les dégâts sont impressionnants. Des voitures jonchent les routes dans la boue, parfois empilées les unes sur les autres. 

Le spectre de 1999. L'eau est montée à hauteur d'épaule dans la cuisine de Laurent. Interrogé par Europe 1, il énumère ce qui a été abîmé : "Le frigo, le lave-linge, la gazinière, le sèche-linge et quelques meubles". Il résume : "c'est mort comme en 1999 où j'avais tout perdu". À l'époque, les inondations avaient fait 35 morts. 

Chantal, elle, est épuisée face à ces inondations qui se répètent : "je ne pensais jamais revoir ça. Une fois, ça va, mais deux fois en quinze ans, ça fait beaucoup. Quand ça recommence, il faut tout renettoyer, faire les démarches aux assurances. C'est tout ça qui est lourd". Les habitants de Portel-des-Corbières en ce lundi matin, déblaient. 

"Il va falloir s'adapter". Luc, lui, veut se préparer à la prochaine inondation en "enlevant tout du rez-de-chaussée" parce que "ce n'est plus gérable". Selon lui, "il va falloir s'adapter puisque ça va se reproduire plus régulièrement les années à venir". Il pointe du doigt le réchauffement climatique, seule explication selon lui aux inondations. Sa maison, habitée depuis trois siècles et demi, n'avait jamais été autant inondée, affirme-t-il. 

"Quand on a déjà tout perdu une fois…". Non loin, à Cuxac-d'Aude, toujours dans l'Aude, ces nouvelles inondations réveillent aussi les mauvais souvenirs de 1999. Le lieutenant Serge Maronda, interrogé par Europe 1, en témoigne : "j'ai connu ces événements, nous avons participé à cette période-là", se rappelle-t-il. "Les gens sont toujours sous le choc, toujours avec de la crainte, de la peur dès qu'il y de fortes précipitations orageuses et la rivière Aude qui monte". Le souvenir de 1999 ? "Un vrai traumatisme", juge-t-il. Les habitants, par conséquent, "ne sont pas faciles à raisonner parce que quand on a déjà tout perdu une fois, on ne veut pas tout perdre une seconde fois". 

>> ÉCOUTER AUSSI - France : la fin du climat tempéré ? 

La Berre a tout balayé. Du côté des Pyrénées-Orientales où la Berre est montée selon des témoins de plus de trois mètres en 15 minutes dimanche, l'heure est aussi au bilan. 

Arnaud découvre les dégâts dans sa maison où l'eau a atteint une hauteur de 1 mètre 60. Il découvre son "frigo américain tout neuf" couché sur le flanc. La télévision, l'ordinateur, le bureau, le canapé et les jouets des petits… tout est couvert de boue et "foutu", déplore Arnaud. Il avait tout retapé dans cette maison. Tout est à refaire. "C'est toute une vie qui bascule, c'est de l'argent aussi", explique-t-il. D'autant plus que ce n'est pas la première fois qu'il est inondé. Les traces des inondations de 1999 en témoignent. Toujours  apparentes sur les murs de la maison. Il cherche avec sa femme des objets à sauver et, "bonne nouvelle", ils mettent la main sur "le calendrier de l'avant" de leur fille de quatre ans.

"Je ne veux plus habiter ici". Dans le Var, touché par des inondations pour la deuxième fois en même pas un an, les habitants sont excédés et certains comme Patrick ne souhaitent pas rester dans la maison : "J'ai eu 1,82 mètre d'eau dans ma maison". Et de comparer avec son épouse qui mesure "1,50 mètre". "J'en ai marre, tout simplement", avoue-t-il. "Dès qu'il y a trois gouttes qui tombent, on se demande qu'est ce qui va arriver ?". Il est formel : "je ne veux plus y habiter". 

Et l'aide des assurances ? "Au 1er avril, je ne serai plus assuré, ils me virent, c'est ce qu'ils m'ont dit". "Ce qui est logique", reconnaît-il, "avec deux sinistres en un an, on ne peut pas vous garder". Problème, "où est-ce qu'on va aller ?". 
>> LIRE AUSSI - Intempéries : le Var déclaré en "état de catastrophe naturelle"