Flash-ball : un policier au tribunal

Plusieurs syndicats de salariés appellent à se rassembler mercredi devant le Palais de justice de Nantes, pour manifester leur solidarité avec la famille de la victime.
Plusieurs syndicats de salariés appellent à se rassembler mercredi devant le Palais de justice de Nantes, pour manifester leur solidarité avec la famille de la victime. © Max PPP
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avec François Coulon , modifié à
Un adolescent avait été éborgné lors d'une manifestation à Nantes. Le procès a débuté.

Le procès d'un policier soupçonné d'avoir éborgné un adolescent de 16 ans en faisant usage d'une arme à balles souples à longue portée lors d'une manifestation en 2007 à Nantes s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de la ville. Les proches de l'adolescent attendent une sanction exemplaire dans ce qu'ils qualifient de "premier procès en France d'une mutilation au flash-ball". Le policier comparaît pour "violence volontaire avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique".

Le juge d'instruction n'a pas suivi les réquisitions du parquet, qui avait réclamé un non-lieu dans cette affaire, considérant que le policier était en situation de "légitime défense".

Il a visé "un manifestant pour le mutiler"

Retour sur les faits : le 27 novembre 2007, devant le rectorat de Nantes, la victime participait à une manifestation de lycéens opposés à la loi Pécresse sur l'autonomie des universités. "Une fois que la grille du parc du rectorat a été fermée, qu'il n'y avait plus aucun enjeu de maintien de l'ordre, un policier m'a tiré dessus au flash-ball", témoigne Pierre au micro d'Europe 1. L'adolescent victime du tir a perdu l'usage de son œil.

"Je vois 1/20e", ajoute-t-il :

Son avocate, Me Catherine Glon, entend démonter que la légitime défense ne peut se justifier car les policiers et les manifestants étaient "d'une part et d'autre de la grille". Sa famille et ses amis, qui ont créé un "Collectif contre les violences policières du 27 novembre 2007", estiment que "la police a attaqué une manifestation de lycéens et d'étudiants pacifiques" et que "le policier a délibérément visé au visage un manifestant pour le mutiler". La Ligue des droits de l'Homme s'est constituée partie civile dans le procès.

Pierre, la victime, attend de ce procès que "le policier soit reconnu coupable de cette mutilation" et surtout dit-il, "qu'il soit mis hors d'état de nuire" en lui retirant "son permis de port d'arme". Le jeune homme entend également adresser un message "à tous les policiers : la justice ne donne pas carte blanche à la police pour mutiler des lycéens", affirme-t-il sur Europe 1.

Plusieurs syndicats appellent à se rassembler mercredi devant le Palais de justice de Nantes, pour manifester leur solidarité avec la famille de la victime.      

Des policiers pas entendus dans la procédure

Du côté de la défense du policier, Me Laurent-Franck Lienard entend démontrer que son client "n'a pas tiré" sur le jeune homme. Selon lui, le lycéen n'était pas habillé de la même manière que la personne qu'il affirme avoir touché avec son lanceur. La défense du prévenu souligne aussi la présence ce jour-là, dans le périmètre, d'autres policiers, "mais aussi de gendarmes", également armés de lanceurs et dont certains n'ont pas été entendus dans la procédure.

Me Laurent-Franck Lienard a confié qu'il plaiderait "à titre subsidiaire, que l'emploi de son arme ce jour-là entrait dans le cadre de son emploi normal pour le maintien de l'ordre", et demanderait la relaxe.