Expulsé après avoir été innocenté ?

Brahim El Jabri, qui a passé treize ans en prison à tort, pourrait être expulsé vers le Maroc.
Brahim El Jabri, qui a passé treize ans en prison à tort, pourrait être expulsé vers le Maroc. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Brahim El Jabri, qui a passé treize ans en prison à tort, pourrait être expulsé vers le Maroc.

La menace. La joie de Brahim El Jabri aura été de courte durée. Moins de dix jours après la décision historique de la Cour de révision d'annuler sa condamnation pour meurtre, l'homme, qui a passé 13 ans en prison, pourrait être expulsé vers son pays d'origine, le Maroc. Le préfet du Nord a en effet l'intention de mettre à exécution une interdiction définitive de territoire prononcée contre lui en 1994 dans une affaire de stupéfiants annexe au meurtre pour lequel il a été condamné avec Abdelkader Azzimani.

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Albdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri MAXPPP 930620

Plus de libération conditionnelle. "Le directeur du service des étrangers m’a dit qu’il allait mettre à exécution l’arrêté d’interdiction du territoire pris il y a plus de dix ans", dénonce Brahim El Jabri, dans les colonnes de Midi Libre. "Avant l'annulation de la condamnation, M. El Jabri qui a fait 14 ans de prison, était en libération conditionnelle. Il ne pouvait être expulsé. Maintenant que cette libération conditionnelle n'existe plus, le préfet du Nord menace de mettre [cette décision] à exécution", explique l'un de ses avocats, Me Jean-Marc Darrigade.

"Harcèlement" du préfet. Les défenseurs de Brahim El Jabri dénoncent le "harcèlement" d'un préfet qui a fait de ce dossier "une affaire personnelle". Ils craignent que leur client soit expulsé du territoire avant le début du nouveau procès devant les assises du Gard qui doit définitivement l'innocenter. "S'il était expulsé, il ne pourrait assister au procès devant les assises que nous avons demandé à la Cour de Révision pour obtenir sa réhabilitation", déplore son second conseil Me Luc Abratkiewicz.

Une lettre à Valls et Taubira. Les deux avocats de Brahim El Jabri ont donc écrit à Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, et à Christiane Taubira, la Garde des Sceaux, pour leur demander de surseoir à l'expulsion de leur client. Le courrier devait être envoyé mercredi matin.

"La France lui doit bien ça." Me Abratkiewicz a d'ailleurs annoncé qu'il allait demander l'annulation de l'expulsion après le nouveau procès. "Après 14 ans de prison pour rien, la France lui doit bien ça", estime Me Abratkiewicz, ajoutant par ailleurs que son client a "toute sa famille en France".  "C'est une hérésie judiciaire", conclut-il dans Midi Libre.