"Des minots gagnent plus que nous"

Un policier marseillais dit comprendre le dérapage de ses collègues, mais ne le cautionne pas.
Un policier marseillais dit comprendre le dérapage de ses collègues, mais ne le cautionne pas. © MAX PPP
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et Pierre de Cossette , modifié à
- A Marseille, un policier raconte la difficulté du travail au quotidien.

Entre le traumatisme causé par l'affaire et les consignes de silence, les témoignages de policiers marseillais sont rares. Europe 1 a pu rencontrer l'un d'eux. Et s'il ne cautionne pas l'attitude des policiers de la Bac nord mis en examen dans un dossier de racket présumé, il dit comprendre ce qui a pu les mener à ce dérapage.

"Ils foutent rien et ils gagnent mieux leur vie que nous"

"Je ne dis pas que je l'aurais fait, mais je me mets à la place des collègues : on a tous les jours sous le nez des minots de 20 ans qui gagnent mieux leur vie que nous, en étant "chouf" [guetteur, ndlr]", explique ce policier. "Ils ne paient pas d'impôts, ils ne bossent pas, ils foutent rien et ils gagnent mieux leur vie que nous", s'emporte-t-il.

Une différence de niveau de vie qui a pu pousser certains policiers à racketter des voyous. "A force de se monter le mou dans les voitures, parce qu'on passe quand même huit heures ensemble dans les bagnoles, on peut arriver à y penser", juge ce fonctionnaire. Mais pour lui, "de là à le faire, il faut franchir un cap. Il faut garder une ligne de conduite", estime-t-il. "Il faut garder à l'idée que c'est une minorité" qui a dérapé, rappelle-t-il.

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"On a déjà eu des réflexions dans la rue

Depuis que l'affaire a éclaté, ce policier assure que les réflexions à l'encontre des fonctionnaires sur le terrain se multiplient. "Pas plus tard qu'il y a quelques heures, on a déjà eu des réflexions en passant dans la rue. 'Les ripoux', ça y est, c'est d'actualité", regrette-t-il.

Pour autant, cette affaire ne lui a pas fait passer l'envie de faire son travail correctement. Mais il regrette le manque de moyens alloués à la police. "Quand on interpelle un vendeur, dans la foulée y en a un autre", assure-t-il. "Les cités fonctionnent comme une agence d'intérim. Ils se pointent le matin en disant : 'aujourd'hui moi je peux travailler', 'toi tu seras chouf à tel endroit, tu vas gagner tant aujourd'hui'. C'est du travail temporaire", ironise-t-il.