Des familles de prisonniers rackettées

Des surveillants de prison dénoncent les pressions dont sont victimes certains détenus et leurs familles.
Des surveillants de prison dénoncent les pressions dont sont victimes certains détenus et leurs familles. © MAXPPP
  • Copié
et Benjamin Peter , modifié à
Des surveillants dénoncent les pressions dont sont victimes certains détenus et leurs familles.

Des familles rackettées. La bagarre s'est déroulée il y a deux semaines dans l'abri installé devant la prison de Muret, en Haute-Garonne, où patientent les familles de détenus avant l'heure des parloirs. Cet incident a mis en lumière un aspect peu connu de la détention : le racket des familles en dehors des murs de la prison.

Les menaces. Les rencontres "plus ou moins désagréables", selon Pierre Montreuil, du syndicat des surveillants pénitentiaires, se font à l'abri familles, une structure qui accueille les proches des détenus en attendant les visites. "On connaît votre fils ou votre père. Si vous voulez qu'il soit tranquille, il faudrait nous aider à rentrer des stupéfiants, des téléphones ou nous donner de l'argent." Voilà le type de menaces que peuvent recevoir des familles, explique Pierre Montreuil.

Alimenter le trafic en prison. Certaines familles sont donc contraintes de faire rentrer de la drogue, des téléphones portables, des cartes SIM, des clés USB ou encore des chargeurs de téléphone. De quoi alimenter le trafic en prison. Rien que sur les trois premiers mois de l'année, les surveillants de la prison de Seysses-Muret ont retrouvé "40 grammes de shit, 57 téléphones portables, 37 cartes Sim, 8 clés USB, 18 chargeurs de batteries et une quinzaine de batteries", selon La Dépêche.

Des risques de représailles. Et les "mules", ces détenus qui transportent et cachent les biens prohibés dans la prison pour le compte d'autres prisonniers, ont intérêt à ne pas se faire prendre. Les risques de représailles sont énormes, assure Laurent Maffre du syndicat Ufap. "Si c'est la mule qui perd ce qu'il avait dans les mains, on va se retourner contre lui et lui faire payer les pots cassés, financièrement ou physiquement. Si le détenu ne peut pas payer, si c'est un indigent, on va s'appuyer sur sa famille à l'extérieur pour essayer de récupérer la somme, et avec un plus", détaille-t-il.

Des familles qui renoncent. Conséquence, certaines familles n'osent plus rendre visite à leurs proches en détention. Les surveillants de leur coté mettent en cause la nouvelle loi pénitentiaire, votée en 2009, qui interdit les fouilles des détenus après les parloirs.