Condamnée pour s'être fait justice

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avec Lionel Gougelot , modifié à
Une mère s’en était prise au jeune homme qui avait agressé son fils. Elle a écopé 3 mois avec sursis.

"J’avais envie de le tuer (…) Je ne vais pas mentir. Même s’il y a une condamnation à la clé". Comme elle l'avait annoncé, Laurence a assumé son geste mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel de Lille. En août dernier, cette mère de famille de 41 ans avait monté une expédition punitive contre le jeune homme suspecté d’avoir agressé sexuellement son propre fils. Elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis.

Retour sur les faits : fin août, Nicolas, 7 ans, est victime d’attouchements sexuels dans les toilettes de la manifestation Lille-Plage. Son agresseur, âgé de 19 ans et déjà condamné pour des faits de violences sexuelles sur mineurs, est interpellé dans la foulée. Mis en examen, il est libéré et placé sous contrôle judiciaire. Une décision insupportable pour Laurence qui retrouve sa trace et le passe à tabac avec l’aide d’un de ses douze enfants. Le jeune homme est légèrement blessé.

"Je n’ai pas accepté la décision qui avait été prise par le parquet. Pourquoi on l’avait remis en liberté tout en sachant qu’il avait avoué les faits sur mon fils Nicolas. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas pu accepter", avait raconté Laurence, avant le procès. "Je suis consciente que je ne peux pas faire justice moi-même, à part si on touche à mes enfants", avait-elle assuré sur Europe 1.

"Je suis en tort. Mais la loi est en tort aussi", avait affirmé Laurence :

 

"Ce serait à refaire demain, je le referais", a encore confié Laurence à la sortie du tribunal :

 

Le procureur de Lille, Philippe Lemaire, avait justifié la décision de remettre en liberté, avec un contrôle judiciaire très strict, l’agresseur de Nicolas. "On ne va pas mettre en prison un gamin très déstructuré, au profil psychiatrique complexe, qui relève de structures sanitaires adaptées", avait expliqué le magistrat dans les colonnes de La Voix du Nord. Selon lui, l'âge mental de ce jeune homme est limité à "14 ans".

Jugé en octobre dernier, l’agresseur du petit garçon avait été condamné à trois ans de prison. Mercredi, il n'a pas demandé de dommages et intérêts et a été reconduit en détention à l'issue de l'audience.