Colère après l'agression d'un arbitre

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avec Pierre de Vilno et Jean-Sébastien Soldaïni , modifié à
FOOT - Le représentant du corps arbitral dénonce une situation urgente, après l'agression d'un arbitre.

Trois personnes étaient en garde à vue dimanche au lendemain de l'agression de deux arbitres à la fin d'un match de football amateur au Plessis-Trévise dans le Val-de-Marne. La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, qui a condamné l'agression, doit évoquer la question lundi au ministère lors d'une rencontre, prévue de longue date, avec Patrick Vajda, président de l'Association Française du Corps Arbitral Multisports (AFCAM). Ce dernier était l'invité d'Europe 1 dimanche soir. A la veille de sa rencontre avec le ministre, le représentant des arbitres français dénonce une situation "qui était grave, qui reste grave et qui le sera encore demain".

Arbitre : une mission de service public. "Tant que les juges n'appliqueront pas les peines comme il se doit, nous resterons dans cette situation et elle s'aggravera encore un peu plus", assure Patrick Vajda au micro d'Europe 1. En France, depuis 2006, les arbitres sont "chargés d'une mission de service public". Ainsi, les sanctions pour des faits de menaces ou de violences à l'encontre d'un homme en noir peuvent aller jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Problème : selon Patrick Vajda, la loi n'est pas appliquée. "Je suis affolé par le comportement des juges et des policiers. Nous ne devons pas passer par le tribunal de simple police mais directement par le tribunal d'instance. Le tribunal de police devrait systématiquement se déclarer incompétent, ce qu'il ne fait pas parce qu'il ne connait pas la loi", regrette-il.

>> Patrick Vajda : "si ça se passe mal le samedi soir, ça se passe mal également le dimanche" : 

Quels moyens faut-il mettre en œuvre ?  C'est ce point de loi que Patrick Vajda souhaite mettre en avant lors de la réunion de lundi au ministère des Sports. "La première chose que je vais dire (à la ministre), c'est qu'il faut que cette loi s'applique. Il faut que la mission de service public soit reconnue par tous", assure-t-il. "Je pense qu'il faudrait demander à son collègue de la Justice de bien vouloir faire une circulaire à tous les juges de France afin que ceux-ci appliquent la loi. Pour moi c'est l'urgence absolue".

Ces violences sont-elles propres au football ? "Ce qui se passe sur les terrains de première ou de seconde division a des conséquences immédiates sur tous les autres sports", regrette Patrick Vajda. "Si ça se passe mal le samedi soir, ça se passe mal également le dimanche, pas seulement dans le football mais également dans d'autres sports", précise-t-il. Et le président de l'AFCAM de rappeler l'agression, en début d'année, d'un arbitre de basket-ball lors d'un match de N3 à Tulle, en Corrèze. Bilan : "près de 6 semaines d'arrêt de travail", rapporte Patrick Vajda.

"L'homme en noir devient une cible". "Le football est malade. Quand on voit des grands dirigeants de club bousculer des arbitres, forcément, en bas, pour les plus jeunes c'est pas le meilleur exemple", regrette Claude, l'un des arbitres présents sur la pelouse du Plessis-Trévise samedi, au micro d'Europe 1. "On a aussi un problème avec l'autorité, il y a des gens qui ont besoin de déverser leur haine. On se demande même si ça n'est pas prémédité, s'ils ne sont pas là pour en découdre. L'homme en noir devient une cible", conclut-il, amer.