Clichy-sous-Bois : "il y a quand même deux enfants morts"

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Chloé Triomphe avec , modifié à
La matinée de mercredi était consacrée aux écoutes des enregistrements de police au soir de la mort de Zyed et Bouna. Pour la première fois dans ce procès, les policiers poursuivis ont craqué.

Journée d’audience cruciale au procès dit de Clichy-sous-Bois et un moment fort que les proches de Zyed et Bouna attendaient et redoutaient : la diffusion des échanges radio de la police, le 27 octobre 2005. C'est ce soir-là, à l'issue d'une course-poursuite avec les policiers, que les deux adolescents avaient trouvé la mort dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Et lors de cette audience, pour la première fois, les deux policiers, un homme et une femme, ont craqué. 

"Comment ne pas prendre la chose à cœur ?" Des larmes étranglées dans la gorge pour la jeune femme et, pour la première fois, l’expression d’un regret dans la bouche de l’ancien gardien de la paix, Sébastien G. Il exprime son émotion devant ce constat : "il y a quand même deux enfants morts…Comment voulez-vous que je ne prenne pas la chose à cœur…", lâche-t-il, au bord des larmes.

"C’est un homme de chair, de sang et de cœur". Mercredi matin, les deux prévenus ont donc pour la première fois montré un autre visage. Mais cela n’étonne pas leur avocat. "Mon client n’est pas un robot. C’est un homme de chair, de sang et de cœur. Et je trouve que son émotion, partagée, est la meilleure défense qu’il puisse avoir", explique Me Daniel Merchat au micro d’Europe 1. "Je crois que ce qui l’a bouleversé, c’est que soit porté contre lui une accusation qu’il considère comme inique", poursuit-il.

"Je conçois que cela ait pu heurter les parties civiles". Cette accusation de "non-assistance à personne en danger", que le gardien de la paix perçoit comme un injuste, est basée sur deux phrases prononcées sur la fréquence radio de la police. "Ils sont en train d’enjamber pour rentrer sur le site EDF", puis, quelques secondes plus tard : "en même temps, s’ils rentrent sur le site, je ne donne pas cher de leur peau". "Une réflexion maladroite pour formuler l’une des hypothèses de fuite, pas une certitude", s’excuse le policier à la barre. "Je conçois que cela ait pu heurter les parties civiles et j’en suis désolé".

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