Carcassonne : après une nuit "chaude", le préfet demande du renfort

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une caserne de CRS a été la cible d'une intrusion et 18 véhicules ont flambé dans la nuit de mercredi.

L'INFO. Rien ne va plus à Carcassonne. Le préfet de l'Aude a réclamé jeudi d'importants renforts de police pour rétablir le calme au sein de la cité médiévale, théâtre d'une flambée de violences qu'il qualifie lui-même d'exceptionnelle. Au cours de la nuit de mercredi à jeudi, 18 voitures ont brûlé ou ont été endommagées par les flammes dans des quartiers périphériques de Carcassonne, selon un comptage officiel. Cette série d'incendies a été précédée de peu par une tentative d'intrusion d'au moins deux individus encagoulés dans la caserne de la CRS 57.

Une intrusion suivie d'une vague d'incendies. Dans la nuit de mercredi, deux intrus se sont introduits dans l'enceinte de la compagnie départementale de CRS, aux alentours de deux heures du matin. Les individus ont cisaillé la clôture peut-être neutralisé la vidéosurveillance. Un mode opératoire qui témoigne, pour les autorités, d'une audace rare et pour certains policiers d'un inquiétant sentiment d'impunité.  Selon Midi-Libre, la vague d'incendies aurait débuté quelques minutes plus tard, aux alentours de 2h25. Elle s'est ensuite propagée dans six quartiers de la ville, jusqu'à l'aube.

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Un renfort de 140 hommes demandé. Cette irruption à la CRS 57 et les feux de voiture sont-ils liés ? Cette nuit troublée a-t-elle un rapport avec une vaste opération anti-cambriolages qu'ont menée dans la matinée environ 200 policiers et gendarmes dans un camp de roms et de gens du voyage à Carcassonne et dont la préparation ne serait pas passée inaperçue ? Rien ne permet de le dire, a indiqué le préfet Louis Le Franc. Devant ces "événements tout à fait exceptionnels" pour Carcassonne, le préfet a activé une cellule de crise et demandé le renfort de deux unités de forces mobiles, soit environ 140 hommes, dont 68 sont déjà à pied d'œuvre, selon la préfecture.

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Les véhicules de gendarmes mobiles visés? Les véhicules des gendarmes mobiles appelés à sécuriser l'opération de la matinée stationnaient à l'intérieur du cantonnement de CRS. Les visiteurs clandestins étaient en train de s'en approcher quand ils ont été surpris, assure un syndicat policier. Certains ont-ils voulu faire avorter la descente dans le camp des gens du voyage, ont-ils voulu créer une diversion en mettant le feu aux voitures ? Une source proche du dossier juge cela peu probable: les "cibles" de la matinée faisaient l'objet d'une étroite surveillance préalable à laquelle ils pouvaient difficilement se soustraire pour aller semer la pagaille à Carcassonne.

"On a franchi un cran". "On a franchi un cran, c'est du jamais vu de mémoire de Carcassonnais", admet le préfet, concordant là avec le syndicat policier Alliance. "Un nouveau palier a été franchi dans la défiance envers les forces de l'ordre", s'est ému celui-ci dans un communiqué. Carcassonne, ce n'est pas seulement la carte postale de l'un des tout premiers sites touristiques de France. La ville est aussi le chef-lieu d'un des départements les plus pauvres de France et qui possède aussi ses quartiers sensibles.

Un quartier sensible dans le viseur. L'un d'eux, Ozanam, a été le théâtre du caillassage d'un camion de pompiers qui venaient éteindre un feu de conteneur dans la nuit de samedi à dimanche. Des poubelles et une voiture y ont brûlé la même nuit. Le week-end précédent, un feu d'origine criminel avait été allumé dans une chapelle du quartier. La caserne de CRS jouxte immédiatement le quartier d'Ozanam. Les deux incidents peuvent aussi constituer des actes de représailles contre un surcroît de pression policière lié à des enquêtes en cours à Ozanam, avance un haut responsable sous couvert de l'anonymat.