Bygmalion : qui sont les quatre anciens cadres en garde à vue ?

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Ils ont été interpellés à leurs domiciles et placés en garde à vue lundi matin dans le cadre de l'enquête Bygmalion.

L'enquête sur l'affaire Bygmalion, qui a jeté le soupçon sur les comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, est entrée lundi dans le vif du sujet avec le placement en garde à vue de quatre anciens cadres de la société d'événementiel.

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De fausses factures. Dans cette affaire, une information judiciaire pour faux et usage de faux, abus de confiance et tentative d'escroquerie a été confiée à trois juges financiers. Les magistrats et les policiers enquêtent sur un système de fausses factures pour permettre au budget de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2012 de rester dans les clous fixés par la loi, c'est-à-dire 22,5 millions d'euros. Pour cela, Event and Cie, filiale de Bygmalion, avait facturé de nombreuses dépenses - entre 10 à 11 millions d'euros hors taxe selon l'avocat de Bygmalion - à l'UMP, et non à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, via de fausses conventions organisées par le parti de droite.

Les deux fondateurs de Bygmalion, Guy Alvès et Bastien Millot, son comptable, ainsi que Franck Attal, ex-patron d'Event and Cie, filiale événementielle de Bygmalion, ont été interpellés lundi matin à leurs domiciles et placés en garde à vue à l'office anti corruption de la police judiciaire à Nanterre. Qui sont-ils ?

Bastien Millot, "le Copé boy"

Bastien Millot

Cofondateur de Bygmalion avec Guy Alves, Bastien Millot, par ailleurs ancien chroniqueur à Europe1, est un proche de Jean-François Copé. Il a notamment été son directeur de cabinet à Meaux, et a été membre de ses cabinets ministériels. Dans un portrait brossé par Libération, Bastien Millot est décrit comme "le premier "Copé's boy", mais aussi "le plus influent, le plus secret".

Après dix ans d'incursion dans le monde politique, l'ex-dirigeant de Bygmalion a rejoint la direction du groupe France Télévisions en 2005. Il a ensuite créé en 2008 la société Bygmalion avec Guy Alvès, autre "Copé boy". Les deux hommes sont aujourd'hui mis en examen pour "recel de favoritisme", pour des contrats passés entre la société et France Télévisions. A l'été 2013, Bastien Millot a quitté Bygmalion pour devenir avocat à Marseille, l'un de ses "rêves".

Jusqu'à présent, Bastien Millot assure n'avoir jamais travaillé pour la campagne présidentielle, et a toujours nié avoir été informé d'un système de double facturation. "Je n'ai participé, ni de près ni de loin, à la campagne présidentielle de 2012", avait-il déclaré sur Europe1.

Guy Alvès, l'autre proche de Jean-François Copé

Guy Alvès en 2004, troisième homme en partant de la gauche.

© Guy Alvès en 2004, troisième homme en partant de la gauche.

Jusqu'en juillet 2014, date du placement en liquidation judiciaire de Bygmalion, Guy Alvès, cofondateur de la société, en était le PDG. Moins médiatisé que Bastien Millot, Guy Alvès a également fait ses débuts en  politique, sous la houlette de Jean-François Copé. Il a travaillé pour l'ancien président de l'UMP à la mairie de Meaux, mais aussi à Bercy, où il était chef de cabinet de 2004 à 2007, lorsque Jean-François Copé était ministre délégué au budget.

Selon des sources proches du dossier, citées par l'AFP, Guy Alvès aurait avoué aux enquêteurs la mise en place du système des fausses factures. Selon les extraits de PV d'audition de l'ancien comptable et de responsables de Bygmalion publiés par "Le Monde", Guy Alvès a expliqué aux enquêteurs s'être trouvé face à un dilemme : accepter le système ou "couler" la société. "J'étais pris au piège. J'ai donc accepté que la société Event et Cie émette les fausses factures qui étaient demandées par l'UMP", a-t-il raconté aux enquêteurs.

Franck Attal, le patron d'Event and Cie

Franck Attal est l'ex-patron d'Event and Cie, la filiale événementielle de Bygmalion, chargée de l'organisation de meetings de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2012. Il faisait partie de l’organigramme de l'entreprise Idéepole, rebaptisée Bygmalion après son rachat par Guy Alvès et Bastien Millot, selon des extraits des auditions de Jérôme Lavrilleux, publiés par "Le Monde".

Comme Guy Alvès, Franck Attal aurait avoué aux enquêteurs la mise en place du système des fausses factures, selon des sources proches du dossier, citées par l'AFP.

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Matthieu Faye, le comptable

L'ancien comptable de Bygmalion charge aujourd'hui l'UMP. Le 10 juin, Matthieu Faye s'est expliqué auprès des enquêteurs. Selon des extraits de ses auditions, également révélées par "Le Monde", l'ancien comptable a raconté comment il avait truqué les comptes de Bygmalion à la demande de l'UMP. "Il nous a été demandé par l'UMP de facturer 35 conventions. (...) Ces facturations ne correspondent pas à des prestations effectuées par la société Event et Cie. Ce sont effectivement des fausses factures", a-t-il expliqué aux enquêteurs. 

Cet ancien comptable assure ne pas avoir eu le choix, et raconte avoir agi sur les ordres des dirigeants de Bygmalion et d'Event and Cie. Lors de ses auditions, Matthieu Faye a affirmé n'avoir eu qu'une seule interlocutrice, Fabienne Liadzé, chargée des affaires financières pendant la campagne.  

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