Bizutage : "ça va faire réfléchir"

Au mois d'octobre, quatre étudiants de l'université Paris-Dauphine ont bizuté un première année.
Au mois d'octobre, quatre étudiants de l'université Paris-Dauphine ont bizuté un première année. © maxppp
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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Quatre étudiants de Paris-Dauphine ont été mis en examen. Ils risquent jusqu'à 3 ans de prison.

L'affaire de bizutage à l'université Paris-Dauphine va-t-elle faire école ? Jeudi, quatre étudiants de l'université de Paris-Dauphine ont été mis en examen pour "violences volontaires en réunion avec armes." Les magistrats n'ont pas retenu la qualification de "bizutage", les chefs d'inculpation de violence étant plus graves. Ils risquent jusqu'à 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Capsule de bière

En octobre dernier, la soirée de recrutement de l'association étudiante, "Japad", dérape. Quatre étudiants s'en prennent à un "bizut". Ce dernier, inscrit en première année de licence, veut s'intégrer. De son plein gré, il inscrit le nom de l'association au marqueur, sur son torse. Mais cette preuve d'adhésion ne contente pas les auteurs du bizutage. L'un d'eux, passablement alcoolisé, attrape une capsule de bière et lui grave en lettres de sang le sigle de l'association dans le dos.

Le 26 octobre, la victime porte plainte au commissariat d'Asnières, dans le département des Hauts-de-Seine. Le 7 novembre, le parquet de Paris se saisit de l'affaire.

La loi du silence

Cette affaire a relancé les appels à la vigilance contre le bizutage. Juste après les faits, Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur, avait appelé à "la plus grande fermeté lorsque des incidents graves se produisent".

Le bizutage est punissable, depuis une loi de 1998, passible de six mois de prison et 7.500 euros d'amende. Mais cette tradition se perpétue dans les universités et grandes écoles. Et il est parfois difficile pour les victimes de briser la loi du silence. Pour Marie-France Henry, la présidente du comité national contre le bizutage, interrogée par Europe 1, cette affaire à l'université Paris-Dauphine, va permettre de libérer la parole : "ça va peut être encourager d'autres personnes à parler. J'espère qu'il y aura des condamnations. Non seulement ça fera réfléchir l'auteur des faits mais aussi les autres : tous ceux qui laissent faire et tout ceux qui sont complices."

Un numéro vert

Des mesures ont été prises par le gouvernement, début octobre, pour renforcer le dispositif anti-bizutage. La mise en place d'un numéro vert dans toutes les académies ainsi qu'une déclaration préalable par les organisateurs de soirées et "d'événements d'intégration".