A Brest, "des rumeurs" qui inquiètent

Le procureur de la République de Brest a mis en garde contre "les climats de psychose".
Le procureur de la République de Brest a mis en garde contre "les climats de psychose". © MaxPPP
  • Copié
avec François Coulon , modifié à
Le procureur a mis en garde la population après la mort d'un homme décrit à tort comme pédophile.

Cet homme qui n'avait rien à se reprocher a été victime d'une rumeur. Après la mort lundi à Brest d'un retraité soupçonné à tort d'être un "pervers sexuel", le procureur de la République de la ville a voulu lancer un message fort à l'adresse de la population locale. Il est important "que l'on entretienne pas des climats de psychose qui peuvent arriver à ce genre d'issue fatale", a ainsi déclaré Bertrand Leclerc à la presse mercredi.

"On a vécu pendant une dizaine de jours dans une nébuleuse de rumeurs qui a enflé à partir d'une méprise sur un homme vu tentant d'enlever une enfant alors que ce n'est pas le cas", a martelé le procureur, ajoutant que la police aurait dû être avertie.

Pris en chasse par des parents

Bertrand Leclerc a retracé le film des évènements, racontant que depuis quelques jours, le retraité avait été désigné par "la rumeur publique comme étant un possible pédophile qui tenterait d'enlever des enfants à proximité d'une école maternelle". Vu près de l'école lundi, il a été "pris à partie et même pris en chasse par un certain nombre de parents d'élèves" jusque chez lui.

Tentant de rentrer chez lui, il s'est retrouvé "bloqué dans l'ascenseur". L'homme est "agité", il "essaie de se défendre". Les parents ont alors signalé à la police qu'"un pédophile a été rattrapé par des témoins". Interpellé, le retraité victime de la vindicte populaire a succombé à une crise cardiaque.

Un souffre-douleur dans le quartier

Malgré cette mise en garde officielle, une mère du quartier, interrogée par Europe 1, a affirmé ne rien regretter. Cet homme "traîne devant l'école, il est bizarre, il parle tout seul, il marche après les enfants, il cherche après eux", a-t-elle lancé en guise d'accusation, assurant avoir vu le retraité "partir derrière un petit" lundi. Pour cette accusatrice, "à partir du moment où il y a un monsieur bizarre qui rôde à la sortie d'une école, pour moi ce n'est pas normal". Et la mère de famille de conclure, sans un mot pour le retraité décédé : "c'est un mal pour un bien", "maintenant, je suis tranquille". 

Mais à en croire une voisine de ce retraité qui vivait dans un appartement médicalisé, l'homme était surtout un souffre-douleur dans le quartier. Elle a confié à Europe 1 avoir "souvent remarqué" qu'il se faisait insulter. "Pour moi, les gens avaient peur de lui parce qu'il était différent", a-t-elle déploré, ajoutant qu'"il n'était pas méchant".