157 passages en psychiatrie pour le chauffard de Dijon

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La procureure de Dijon Marie-Christine Tarrare est formelle. A ce niveau de l'enquête, "il ne s'agit pas ici d'un acte terroriste, mais bien le fait d'un déséquilibré".  

"Pas un  acte terroriste". Une agression au couteau à Joué-lès-Tours, une voiture folle à Dijon, la conjonction de ces deux événements en deux jours seulement laissait craindre des actes terroristes. En ce qui concerne le chauffard dijonnais qui a fauché onze piétons dimanche soir, la procureure Marie-Christine Tarrare est formelle. Moins de 24 heures après les faits, les éléments apportés par les dépositions du suspect, des témoins et des proches du conducteur lui laissent croire "qu'il ne s'agit pas ici d'un acte terroriste" mais "qu'il était le fait d'un déséquilibré".

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157 passages psychiatriques. Et pour cause, le chauffard interpellé quelques minutes après sa folle course dans les rues de Dijon a "un problème psychiatrique lourd", et ce "depuis longtemps", a renchéri la procureure, citant "157 passages psychiatriques entre 2001 et 2014" (il s'agit aussi bien de séjours longue durée que de passages de quelques heures en consultation, Ndlr). Elle a notamment affirmé qu'il était sujet à "une psychose ancienne à délire mystique" et qu'il avait aussi été "toxicomane". L'homme, qui fêtera ses 41 ans début janvier, "travaillait dans un établissement pour adulte handicapé à Chenôve où il apposait du flocage sur des t-shirts". Il touchait une allocation personne handicapée.

"S'en prendre à l'Etat français". Le suspect a expliqué aux enquêteurs qu'il comptait "s’en prendre à l’Etat français, notamment à des policiers ou des militaires". Il se serait décidé à passer à l'acte "après avoir regardé une émission de Noël sur les cadeaux aux enfants", lui faisant prendre conscience de "la terrible situation du peuple tchétchène torturé". Il a néanmoins affirmé que sa manière d’agir "n’a pas été guidée par la religion mais parce qu’il estimait que politiquement il fallait qu’il agisse pour défendre les enfants tchétchènes".

L'expert psychiatre qui l'a consulté en urgence a confirmé "une pathologie mentale avérée et importante". Mais il attend de faire "une étude plus approfondie avant de s'exprimer sur une possible abolition ou altération du discernement du suspect". Ce dernier a reconnu les faits et l'intention de nuire, son acte est donc qualifié de "tentative d'assassinat". Il devrait être déféré mardi dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire.

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Il portait bien une djellaba. Sur les faits, les dépositions ont établi que le suspect portait bien une djellaba au moment de l'agression, qu'il a bien crié "Allahou Akbar", mais qu'il n'était pas très religieux. La procureur a ajouté qu'il s'était engagé en religion seulement une semaine auparavant. De la même façon, il assure n'avoir pas agi par rapport aux événements de Joué-lès-Tours et qu'il n’était même pas au courant. L'homme n'avait pas Internet chez lui.  

Les prochains jours permettront aux enquêteurs d'établir si oui ou non le suspect était bien seul au volant de son véhicule. Lui affirme avoir agi seul, mais un témoin affirme avoir aperçu une silhouette à ses côtés. L'enquête permettra également d'établir s'il n'a pas subi d'influence religieuse dans son entourage ces derniers jours. Et d'estomper le vent de panique qui pourrait se propager. 

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