"Les romans sélectionnés ont des univers très différents"

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Victor Nicolas , modifié à
Pierre de Vilno, critique littéraire et membre du jury pro évoque ses goûts, son parcours, son roman…

Vous avez débuté en présentant des informations générales, puis vous vous êtes spécialisé en culture. Est-ce que vous avez toujours cherché cette spécialisation ?

 

La base reste l’information. J’ai débuté comme journaliste spécialisé en politique à la radio BFM. Par la suite j’ai été journaliste dans une émission aux côtés de Mazarine Pingeot, et aujourd’hui je suis critique littéraire à Europe 1.

Avez-vous toujours souhaité être journaliste littéraire ?

J’ai toujours été un grand lecteur. Mon idée de départ était de devenir pianiste. J’ai toujours été dans les arts, la culture… cela me tient à cœur. J’adore recevoir des livres, j’ai l’impression de recevoir des trésors. J’en ai plein mon appartement.

Vous avez publié un roman en 2011. Est-ce naturel pour vous d’écrire ?

On est plusieurs à le faire. Pour moi ce n’est pas naturel de ne pas le faire. Certains critiques se demandent ce que l’on va dire de leur propre livre, et redoutent que l’on en dise du mal. C’est pourtant une façon de montrer ce que l’on fait. Je trouve cela très égoïste de ne pas le faire. C’est comme ne pas prendre part à une conversation à table. Quelqu’un qui ne dit rien peut paraître intelligent… A mon sens il faut écrire quand on a une histoire. J’ai écrit un premier roman centré sur moi, qui est resté dans un tiroir. Puis j’ai attendu pour écrire Elvire et Jérémy. Ce roman raconte une histoire d’amour entre une femme qui aime les femmes et un homme qui aime les hommes. Elle m’a été inspirée par une femme qui aimait les femmes. Depuis j’ai une pile d’idées pour les prochains romans.

En tant que membre du jury du prix Relay des voyageurs, allez-vous privilégier des histoires d’amour ?

Pas forcément. Il y a des histoires d’amour réussies et d’autres pas. L’écriture est un tout, c’est comme la musique, il faut qu’il y ait un rythme. Cela demande un art de la formule, sans tarte à la crème.

Quels sont vos goûts de lecteur ?

Avant tout Marguerite Duras, que je relis régulièrement. C’est comme un disque qu’on a l’habitude d’écouter. Souvent les gens rangent les livres dans leurs étagères. Personnellement je les relis, en entier ou juste un passage. J’apprécie également Benjamin Constant, le maître incontesté du portrait psychologique, ainsi que Jean-Philippe Toussaint.

Est-ce la première fois que vous faite partie d’un jury littéraire ?

J ‘avais déjà participé à un prix pour récompenser le roman le plus adaptable au cinéma.

Allez-vous privilégier un livre au style cinématographique ?

Non, je vais privilégier tout ce qui fait l’identité d’un livre. Dans ce cadre les magasins Relay sont formidables. Pour moi ils représentent une option lorsque l’on prend le train : on peut choisir son livre en fonction du trajet. On sait que l’on a deux heures de lecture devant soi pour un Paris-Lyon, 4h30 pour un Paris-Bordeaux… On peut aussi prendre des ouvrages plus gros pour faire l’aller retour.

Que pensez-vous des romans sélectionnés par les lecteurs ?

Ce sont des livres qui touchent un lectorat très large, avec des univers très différents. Ce sont des romans de qualité, chacun y trouvera son compte, il n’y a pas de mauvais roman. Il y a un huis clos, un livre chorale, un livre de vécu, un peu de tout. Faire un choix c’est comme si l’on vous dit qu’il faut choisir entre un plat et un dessert, entre une glace à la pistache et un plat de harengs.

Pour vous ces romans remettent à l’honneur la littérature de voyage ?

La littérature de voyage est selon moi une expression très galvaudée. Je vois des gens dans le train qui lisent du Schopenhauer. Pour moi la richesse de ce prix c’est que les lecteurs votent. Les romans sélectionnés sont des livres lus par tout le monde. Et pas uniquement par quelques critiques littéraires de la place de Paris.