Le journal de l'économie de Martial You

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Martial You consacre sa chronique à l'ouverture prochaine d'une 4e licence de téléphonie mobile. Dans Europe 1 matin, avec Aymeric Caron.

Ca y est ! Le gouvernement vient de lancer l'appel à candidatures pour attribuer une quatrième licence de téléphonie mobile. Courant 2010, il y aura donc un quatrième opérateur aux côtés d'Orange, de SFR et de Bouygues Télécom. Trois acteurs qui voient d'un très mauvais œil l'arrivée d'un nouveau concurrent sur ce marché.

Orange voit même rouge. La filiale de France Télécom va saisir la Commission Européenne. Pour quel motif ? Le prix de cette 4e licence. Le gouvernement a fixé le montant à 240 millions d'euros, un coup dur puisque les 3 autres opérateurs ont dû débourser en 2001 et 2002 la coquette somme de 619 millions, quasiment le triple. Depuis, ils ont beaucoup investi pour tester le marché de la 3è génération, celle qui permet d'associer internet, les mails et le téléphone mobile. Le nouvel entrant aura une licence, attribuée pour 20 ans, avec moins de fréquences mais ce sera quand même une concurrence et c'est bien l'objectif du gouvernement. Bercy espère qu'avec ce nouveau venu, on verra les tarifs baisser de 7% environ. Plusieurs acteurs sont déjà sur les rangs. Le favori s'appelle Iliad, la maison-mère de Free, mais on parle aussi de Virgin Mobile ou même du groupe Bolloré.

Orange, SFR et Bouygues Télécom se mobilisent donc pour conserver leurs avantages.

Il faut dire que le marché est particulièrement juteux (19 milliards) et, pour bien comprendre la mauvaise humeur d'Orange, il faut, en fait, remonter au début des années 2000, au moment de ce qu'on appelait la bulle Internet. À l'époque, l'euphorie autour de la troisième génération (on l'appelle aujourd'hui la 3G mais en 2000 on ne jurait que par l'UMTS), France Télécom et SFR se battaient à coups de milliards pour acquérir des opérateurs dans toute l'Europe. Michel Bon, à la tête de France Télécom et Jean-Marie Messier, qui dirigeait Vivendi Universal, avaient raison, la 3G, c'était l'avenir. Mais ils avaient raison trop tôt, car les téléphones n'étaient pas disponibles. On comprend qu'aujourd'hui, Orange, SFR et Bouygues Télécom ne veulent pas partager un gâteau qui commence à leur rapporter de l'argent.

Alors, qu'est-ce qui a changé ?

La technologie est arrivée. Le public, aussi. Et, sur ce terrain, les opérateurs télécom ont eu deux alliés de poids : Blackberry et IPhone. Ce sont les téléphones intelligents, ils sont devenus tendance, les entreprises en ont acheté des flottes entières. C'est l'avènement des stratégies commerciales imaginées par Michel Bon et Jean-Marie Messier, la fameuse convergence entre contenu et contenant. Car, là où les opérateurs se font maintenant beaucoup d'argent, c'est dans la vente des services et contenus comme les SMS, MMS ou la télévision. L'arrivée d'un acteur comme Free serait bien sûr un vrai danger pour ces acteurs historiques. Ils le savent car ils ont déjà été obligés de s'adapter à l'offre "triple play" sur la téléphonie, le mariage entre télé/internet et téléphone fixe. Free a révolutionné les abonnements à internet et a permis de développer le haut débit à grande vitesse en France pour un prix très concurrentiel, autour de 30 euros. Les Orange, SFR et Bouygues Télécom n'ont plus qu'une seule crainte : l'offre télévision/Internet/téléphonie fixe et mobile pour un prix toujours très bas.