L'édito politique de Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Est-ce la fin du Parti socialiste ?

La politique, ce sont des faits mais aussi un point de vue, de temps en temps choc. C’est l’édito politique d’Europe 1. Bonjour Claude Askolovitch… Le parti socialiste va très mal... Donc il ne change rien ! Hier, il ne s’est rien passé au Conseil National du PS...

Pardon Marc-Olivier ! Il y a eu des mots, les socialistes sont très forts avec les mots... Et Martine Aubry avait même les yeux humides ! Mais une fois qu’on a dit ça... Effectivement, il ne s’est rien passé... Ni démission, ni ouverture... On a rejoué une pièce ultra-connue... Les socialistes veulent bouger des pions sur leur petit échiquier interne... Pour l’ixième fois, on va proposer des discussions au reste de la Gauche qui n’a pas la moindre envie de sauver le PS....

On a inventé un nouveau concept, la Maison Commune... Ca veut dire l’union de la Gauche...

Et il puis il y a une invention fascinante... Le Conseil des Anciens ! Jospin, Fabius, Hollande Royal...

Finalement, vous avez 200 personnes en France qui pensent que la situation du Parti socialiste n'est pas désespérée... Mais pas de chance, ces optimistes sont les membres du Conseil National du PS... Ceux qui dirigent le parti avec Martine Aubry....

Ce que vous décrivez, c’est un parti qui n’arrive pas à accepter la réalité...

C’est un parti qui fait semblant... Parce que devant l’opinion publique, ça aurait l’air curieux après la claque des européennes... Mais il y a aussi un raisonnement beaucoup plus cynique... On l'entend tout près de Martine Aubry... Il consiste à se dire que Bayrou est très abîmé, donc ça fait un concurrent en moins ; et Besancenot a été bloqué par le PC et Mélenchon, donc ça fait un danger en moins ; et les 16% des Verts reviendront dans l'escarcelle rose…

Donc au fond, les européennes sont un peu humiliantes sur le moment, mais en réalité, le paysage est presque dégagé... Et l'année prochaine, aux régionales... Les socialistes conserveront l'essentiel... Ce qui les intéresse : les régions ! Donc l'argent, les postes, les voitures de fonction... Tout ce qui fait vivre tout un petit monde rose qui n’a plus grand-chose à voir avec l’ambition nationale...

Quant au reste... La présidentielle, un projet politique... Les primaires... ouvertes... Un parti qui serait le parti de l’espoir...

Il y aura un miracle, le retour de Strauss-Kahn, la transformation de Martine Aubry... Ségolène va ressusciter.... On verra bien...

Et vous pensez que le PS peut s'en sortir comme ça ?

S’il s’agit de continuer, encore et encore, pourquoi pas... Le PC a mis des années à disparaître, et il n’a même pas disparu ! On a un parti qui n’a plus rien à dire globalement à la société... Mais qui continue de profiter d'un système qui le nourrit, qui l'empêche de mourir... Oui ça peut exister... Et c’est pour ça que le PS ne change pas... On change quand on a vraiment peur de disparaître... Le vrai drame du PS, ce n’est pas qu’il est en danger de mort, c’est qu’il ne peut pas mourir, donc il n’est pas forcé de se transformer...

Les seuls qui sont vraiment en colère... Ce sont les plus durs et les plus brillants des socialistes... comme Valls ou Montebourg... Ils sont en colère parce qu’ils n’arrivent pas à sauver leur parti malgré lui... Mais aussi parce qu’ils sentent leur destin leur échapper... Dans la médiocrité générale.