Dans quel monde on vit ? - Pierre-Marie Christin

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Direction le Liban où se tenaient, dimanche, les élections législatives

Mieux comprendre le monde qui nous entoure. Ne pas se contenter juste des faits. Ce matin, direction le Liban. C’était l’autre élection de dimanche. Pour 100 fois moins d’électeurs, mais elle était suivie dans toutes les capitales, et surprise Pierre-Marie Christin, le Hezbollah et ses milices armés a perdu. Dans quel monde on vit ?

Oui tout le monde a salué avec soulagement cette défaite assez inattendue d’ailleurs reconnue par le Hezbollah, le parti de Dieu, qui a tout de suite accepté le verdict des urnes. Il faut dire qu’avec 71 députés sur 128, la victoire des partis qui soutiennent le gouvernement pro-occidental est absolument incontestable. On ne peut plus parler de majorité fictive, de majorité populaire opposée à celle des urnes comme le faisait toujours le Hezbollah. C’est d’autant plus spectaculaire que le découpage des circonscriptions avait été imposé il y a un an par les armes par le Hezbollah et que ce découpage lui était très favorable.

Oui mais Pierre-Marie, au Liban il ne suffit pas de voter, c’est après n’est-ce pas que les ennuis commencent ?

Absolument. C’est une démocratie corrigée des variations communautaires. Le Parlement doit obligatoirement avoir une moitié députés chrétiens et une moitié députés musulmans. Aucune communauté n’est censée dominer, ce qui est plutôt une bonne chose mais ça permet au parti Chiite, le Hezbollah, de dire même battu, nous devons quand même en tant que communauté être présent au gouvernement et disposer d’une minorité de blocage comme c’était le cas jusqu’à présent. Les tractations vont donc une fois de plus être interminables. Deuxième écueil, le parti de Dieu est le seul qui conserve une milice armée, c’est un état dans l’état. Il prétend incarner la résistance à Israël et il va refuser une fois de plus de rendre les armes. C’est dans ces périodes là que le Liban est toujours sur les nerfs, c’est maintenant que le risque est très grand.

Mais cette fois il y a du nouveau et ce nouveau s’appelle Barack Obama.

Absolument aussi, c’est vrai. Au moins une énergie dans la région qui remet un peu tout le monde en mouvement. Le Premier ministre israélien harcelé littéralement par l’émissaire américain Mitchell annonce un discours important la semaine prochaine. La réélection d’Ahmadinejad en Iran n’est plus aussi sûre (C’est vendredi). On a entendu un candidat ancien chef des Gardiens de la Révolution prôner le dialogue avec Washington mais c’est encore au Liban qu’on verra en premier si cette idée de paix est vraiment dans l’air, si la pax Obama a une chance, si par exemple les contacts entre les Syriens et les Saoudiens se déroulent bien, si le dialogue créé avec l’Iran avance. "Ce minuscule territoire aux horizons immenses selon la formule ce matin, l’éditorialiste Issa Goraïeb, finit toujours par être le point de rencontre de l’Orient et de l’Occident". Ca été son bonheur, c’est son malheur depuis 35 ans. Les Libanais voudraient bien que ce ne soit pas un destin éternel.

Phrase du Jour :
"On peut résister à une armée mais pas à une idée dont le temps est venue" Victor Hugo