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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

L’émotion en Afrique du sud après la mort de Winnie Mandela. Le président Cyril Ramaphosa dit : "Nous avons perdu une mère, une grand-mère, une amie, une camarade, une meneuse, une icône". Le Prix Nobel de la paix Desmond Tutu rend hommage à "un symbole majeur".

L’Archevêque n’est pas rancunier. Elle le détestait, disait que c’était un crétin. Elle considérait la Commission Vérité et Réconciliation qu’il a présidée, comme "une tentative de guérison nationale qui relevait du cirque religieux". Elle avait été convoquée au cirque pour s’expliquer sur les assassinats commis sous ses ordres par les voyous dont elle avait fait sa cour à Soweto, son escorte royale, son gang, le Mandela United Football Club. Elle n’a jamais pardonné cette humiliation.

Pendant 27 ans, Winnie Mandela s’est battue pour son mari, expédié aux oubliettes dans une ile prison. Nelson Mandela était son prête-nom. Elle lui prêtait sa voix. La police de l’apartheid n’a pas réussi à l’entamer. L’après-apartheid non plus. Elle se croyait tout permis. Et elle avait raison : tout lui était permis ! La justice post-apartheid l’a condamnée pour vol, complicité de meurtre, en 1991, en 97, en 2003 mais les 10 ans de prison ont été annulés, transformés en amendes qu’elle n’a sans doute jamais payées. Quant au résident sud-africain qui prétend avoir perdu mère, grand-mère, toute sa famille… il a surtout perdu un sujet de préoccupation.

C’est à dire ?

La disparition de Winnie Mandela est une bénédiction pascale. Elle prive son adversaire Julius Malema d’une caution morale ou immorale. Malema, c’est le champion de la ligne racialiste, pour ne pas dire raciste, c’est le pousse-au-crime qui veut nationaliser les mines, virer les fermiers blancs, le tout sans indemnité et tout de suite. L’affaire est en cours, une loi a été votée il y a pile un mois, pour modifier le droit de propriété. La catastrophe à la façon du Zimbabwe est programmée.

Sur le plan économique, cela n’a aucun sens. Mais c’est une revanche raciale. Comme Winnie Mandela, Julius Malema aime bien la rengaine de l’ANC, "Un boer, une balle, un blanc, une balle". Des milliers de fermiers ont été tués depuis 1991. Deux par semaine, en moyenne. Comme Julius Malema est trop jeune pour avoir connu l’apartheid, Winnie Mandela lui apportait une sorte de caution d’ancien combattant.

Winnie Mandela ne croyait pas à la Nation Arc en ciel.

Un mythe total, disait-elle, un vœu pieu. Elle accusait son mari Nelson Mandela d’avoir laissé tomber les Noirs pour favoriser l’économie blanche. Le nouveau président, Cyril Ramaphosa, se veut l’héritier de Mandela. Il était aux côtés du couple quand Mandela est sorti de la prison Victor Vester du Cap, en tenant sa femme par la main. Et il a vu ensuite comment elle l’a trahie, combien il lui en a voulu. Quand Cyrill Ramaphosa rend hommage à la mère de la Nation, il sait parfaitement que c’était une mère indigne et la mère des seuls Noirs, pas les métis, et surtout pas les Blancs.