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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Le Prince héritier d’Arabie saoudite a disparu depuis des semaines, au point que la rumeur a couru qu’il avait été assassiné.
MBS est depuis un an une vedette internationale. Un funambule qui s’est hissé sur la dernière marche du trône où somnole son vieux père. Il est le prince charmant qui promet un volant aux saoudiennes, des cinémas à leurs maris, une ville à bâtir aux investisseurs du monde entier. Il prépare la paix avec Israël et la guerre avec l’Iran…
Surtout, il fait la révolution en famille. Dans la bible, il y a Abel et Caïn, mais on n’y trouve pas un cousin aussi haï que ce Mohamed Ben Salmane. Et pour cause, il a racketté les milliardaires du royaume, enfermés dans un palace et soumis à la question. C’est à dire interrogés par des comptables et pendus par les pieds par des mercenaires américains.
MBS règne par procuration et depuis peu, mais il est aussi détesté par les princes, le clergé wahhabite et les tribus que tous les rois de France par les féodaux en mille ans. Autant dire qu’il vit dangereusement.
Il y a un mois, des tirs nourris ont éclaté autour du Palais à Ryad.
Officiellement, le 21 avril, les gardes ont abattu un petit drône au-dessus du bâtiment. En réalité, il y a eu des échanges nourris avec des assaillants à l’entrée et des tirs à l’intérieur aussi. Le téléphone arabe a rapporté que MBSA avait été tué ou blessé. C’est faux. Ses anges gardiens de Black Water l’ont mis aussitôt à couvert. Mais les consignes de sécurité sont désormais draconiennes. Depuis un mois, MBS n’est apparu qu’à une seule manifestation officielle. Il communique un peu. Il a téléphoné hier à Emmanuel Macron. Mais il ne se montre plus. Il vit reclus.
Et cela relance toutes les rumeurs.
L’absence soudaine d’un homme qui aimait tant s’exhiber fascine. Il règne par le vide. En ce moment, c’est ramadan. Les Saoudiens sont à la maison. Ils se racontent des histoires. Ils regardent aussi la télé en bénissant le prince. Grâce à lui, les matchs de foot sont comme le pétrole, un don de Dieu. Les saoudiens regardent la télé gratis.
Un bouquet crypté saoudien pirate BeIn Sports.
Il s’appelle Be-OutQ. Le nom se moque des Qataris qui sont honnis en Arabie. Le Qatar avait al Jézirah qui s’est discrédité en soufflant sur les braises des printemps arabes.  L’émirat garde ses chaines sportives, un élément clef de son influence planétaire. Elles diffusent les championnats prestigieux. Plutôt que censurer ces programmes, ce qui serait impopulaire dans un pays plein de tifofis désœuvrés, les Saoudiens préfèrent copier le signal et diffuser un bouquet fantôme, via Arabsat. Les Qataris enragent, c’est parfait.
Après le ramadan, il y aura le mondial de foot en Russie. Ensuite, peut-être que MBS se relèvera de son canapé pour remonter sur son cheval à la poursuite de la modernité.