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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Claire Hazan, vous suivez pour nous les réseaux sociaux. Et vous revenez cette semaine sur plusieurs messages dissonants postés sur Twitter après l’attentat de Trèbes, en plein hommage national.  2 ou 3 tweets seulement, mais qui ont fait beaucoup de bruit…

Peut-on tout dire sur internet ? Et bien non. Et si vous en doutiez encore, voici 2 exemples marquants cette semaine. 2 tweets, en réaction à l’attentat de Trèbes.

Le premier c’est celui de Stéphane Poussier, ex candidat France Insoumise aux législatives. Il s’est réjoui de la mort du policier, faisant le parallèle avec Rémi Fraisse, militant décédé des suites de violences policières.

Le second tweet c’est celui d’Eugénie Bastié, journaliste au Figaro. Je la cite « Ne jugeons pas trop vite cet homme en héros, il a peut-être mis des mains aux fesses à Saint-Cyr". Référence ironique à la une de Libération sur le sexisme au sein de l’école militaire.

Et ces deux-là donc ont été condamnés aussi vite qu’ils ont tweeté…

Oui. Stéphane Poussier, condamné par le tribunal de justice : un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme.

Et Eugénie Bastié, condamnée elle par le tribunal…médiatique. Vague d’indignation sur twitter et communiqué de la SDJ du Figaro. Elle a dû effacer son message de mauvais goût et présenter des excuses.

Un tweet…et quelques heures ou à peine quelques jours plus tard une condamnation. Comment en arrive-t-on là ? Vous pouvez nous décortiquer les mécanismes derrière cet emballement ?

Commençons par ceux qui publient ce genre de tweets… Que se passe-t-il dans leur tête ? Je suis sure qu’Olivier dirait déjà : il y a la connerie. Mais il y a aussi l’impulsivité. C’est le propre des réseaux sociaux : on tweet… et après on réfléchit. Parce qu’il y a encore pour certains ce sentiment d’impunité, de légèreté lié à la parole sur internet. Alors qu’en fait c’est tout l’inverse.  Pour l’apologie du terrorisme, depuis 2014, internet est même un critère aggravant. Pour des propos tenus en ligne, la peine maximale est de 7 ans de prison contre 5 ans hors ligne.  Pourquoi ? Parce que l’écho sur le web est potentiellement beaucoup plus important.

Et c’est ça la 2ème chose qu’il faut comprendre. L’effet d’amplification des RS, par le jeu des tweets et des retweets. Pas besoin d’être une figure médiatique, extrêmement suivie, pour que ça vous trombe dessus. Exemple : Myriam, sur Facebook. Anonyme, à peine 500 abonnés. Elle s’est réjouie que l’une des victimes de l’attentat soit un boucher (précisons que Myriam est vegan). Quelques partages et quelques jours plus tard elle se retrouve sur tous les sites d’infos, et prend elle aussi 7 mois avec sursis pour apologie du terrorisme…

Pour leur défense, la plupart ont invoqué la liberté d’expression… Aux États-Unis, ils obtiendraient probablement gain de cause. Pas en France où règne une conception plus restrictive de cette liberté d’expression. Le débat est ouvert.