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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Dans les médias français, on parle peu des élections allemandes qui ont pourtant lieu dans une semaine. Il faut dire que la victoire d’Angela Merkel est quasiment certaine, donc la campagne un peu ennuyeuse. Claire, vous êtes allée voir sur les réseaux sociaux allemands si l’ambiance était aussi tranquille.

La réponse est non. Fausses informations, tentatives de piratage et vilains trolls d’extrême-droite…On prend les mêmes et on recommence. Désormais plus aucune élection, qu’elle soit américaine ou européenne, ne se fait sans ce cocktail explosif sur les réseaux sociaux.

L’Allemagne n’échappe à la règle. Le magazine Der Spiegel consacre cette semaine une enquête à la blietzkrieg menée sur internet par les cybermilitants de l’AFD – le parti d’extrême droite. Leur objectif : influencer l’opinion publique via les réseaux sociaux pour faire monter leur parti lors du scrutin. Ils agissent de façon anonyme, très organiseé, sur Youtube, Facebook ou le forum Discord, bien connu également des soutiens de Trump. Leurs groupes portent des noms explicites, comme par exemple Reconquista germanica (la reconquête allemande). Leur méthode ? Ils inondent les discussions en ligne de commentaires haineux et de montages photos peu flatteurs d’Angela Merkel. Un chercheur allemand a d’ailleurs mesuré que  10% des messages à son sujet étaient factices,  publiés par des robots. Et les robots, sur internet, ça sert à faire croire qu’il y a une masse d’opinions qui vont dans un même sens. En l’occurrence contre la chancelière allemande.

Dernier exemple en date de ces méthodes : le lendemain de la parution du Spiegel avec cette enquête, un hahstag vengeur trônait en tête du Twitter allemand toute la journée, #NotMySpiegel (pas mon Spiegel).  Encore un coup des trolls de l’AFD.

Aux tentatives de déstabilisation intérieure s’ajoute j’imagine, la crainte d’une ingérence russe dans l’élection.

Ça aussi c’est un classique. Aux Etats-Unis, Facebook vient de révéler que la Russie aurait acheté des publicités anti-Clinton sur sa plateforme. En France, c’est En marche qui aurait subi des centaines de cyberattaques russes pendant la campagne.

Et en Allemagne, c’est le Bundestag (le parlement) qui a été attaqué en 2015. Par des hackeurs que l’on suppose toujours russes. Les documents volés n’ont pas encore été révélés. Ils pourraient l’être dans la semaine qui précède les élections.

Deuxième crainte : le piratage des résultats du scrutin. Des hackeurs (bienveillants cette fois-ci) viennent de prouver qu’il était mal protégé donc vulnérable. Mais l’Allemagne a pris de nombreuses dispositions préventives, forte des erreurs des autres pays. Un peu comme Emmanuel Macron. C’est d’ailleurs ce que dit Hillary Clinton à son sujet dans un livre sorti cette semaine : si Emmanuel Macron a su déjouer les cyberattaques en France, c’est parce qu’elle aurait essuyé les plâtres juste avant.  Ce qui reste à démontrer.