Jeanne d'Arc, l'histoire extraordinaire de la première héroïne du roman français

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Ce dimanche 1er mai est l'occasion de se pencher sur l'histoire de Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans.

Les derniers craquements d’un bûcher, qu’il aura fallu rallumer 2 fois. Dans les flammes, une voix qui s’étouffe. Un nom murmuré comme une ultime prière : Jésus… Le Martyre de Jeanne aura duré une demi-heure. On jettera ses derniers os dans la Seine toute proche.

Sur la place du Vieux Marché de Rouen, l’odeur âcre de la chaire brûlée, les larmes des badauds, la pitié sur les visages des soldats.  Un peu à l’écart : le Secrétaire du Roi d’Angleterre, encore tout retourné, par ce qu’il vient de voir et surtout d’entendre.  Ce nom que la mourante n’a cessé de répéter jusqu’à la fin. Jésus… Dans son rapport, il écrira : ce n’est une hérétique qu’on vient de brûler, mais une sainte femme.

Celui qui se tient à ses côtés ne bronche pas. Il s’appelle Jean Cauchon. C’est l’évêque de Beauvais, un bon français, vendu à l’occupant anglais. Un collabo qui a instruit le procès de Jeanne et qui l’a condamnée à mort. Pour lui, cette femme qui s’habillait en homme, une transgression impardonnable à l’époque, cette femme qui entendait des voix, que l’Eglise n’entendait pas, cette femme, libre et effrontée face à ses juges, ne pouvait être qu’une sorcière inspirée par le Malin, une diablesse qui n’a eu que ce qu’elle méritait.

L’Eglise tentera de se racheter, 5 Siècles plus tard, en canonisant la Pucelle. La Magicienne transformée en Sainte. Jeanne devenue dans l’ordre d’apparition des Sanctifiées Nationales, la Seconde Patronne de La France, juste derrière la Vierge Marie.

L’histoire Extraordinaire de la 1ère Héroïne du roman français. La fille d’un laboureur des Vosges, Jean d’Arc, doyen du village de Domrémy. Un homme respecté, qui vit dans une maison en pierres avec sa femme et leurs 5 enfants. Une famille pieuse, honnête et plutôt aisée. Un lit pour tout le monde, un luxe à l’époque. Jeanne ne sait ni lire, ni écrire, elle a une robe rouge pour les grandes occasions et un gros patois lorrain au fond de la gorge.

Le Moyen-Age est crépusculaire, le Royaume en Lambeaux, la Chevalerie à terre, l’envahisseur anglais partout. Jeanne a 13 ans lorsqu’elle entend ses premières voix. Personne ne saura jamais d’où elles sont venues. Des voix de plus en plus insistantes et précises au fil du temps. A 16 ans, sa mission est claire : délivrer Orléans, faire couronner le Dauphin à Reims et bouter l’Anglais hors de France. L’adolescente ne se fera pas prier. Elle ira trouver Charles VII à Chinon.

A une époque où les prophétesses sont nombreuses et écoutées, la surprenante gamine sera introduite à la cour, après avoir passé une batterie de tests. Une fois sa sincérité contrôlée par des abbés, sa virginité vérifiée par des matrones, elle rencontrera le Dauphin, qui, acculé, intrigué et fasciné, lui donnera une monture, des guerriers et lui fera faire une armure sur mesure. A sa taille, 1m58, Jeanne récupérera une vieille épée rouillée dans une église.

Jeanne a 16 ans et demi. En 30 mois, elle va devenir la star de la guerre de 100 ans, sans jamais tuer un ennemi. Ses hommes la vénèrent. Une idole montée sur son cheval des journées entières, engoncée dans son armure. La Pucelle dort peu, ne mange pratiquement rien. Elle n’a pas de règles et personne ne la voit jamais faire pipi. Devant elle, son étendard. Derrière, son armée. Des soudards auxquels elle ne passe rien. Elle leur interdit les putains et les jurons et leur fait chanter des cantiques.

Jeanne est invincible. Les Anglais détalent sur son passage. Elle libérera Orléans et conduira Charles VII à Reims pour son sacre. Deux années et demie épiques, miraculeuses, à l’issue desquelles Jeanne sera capturée, trahie, vendue, emprisonnée, jugée et brûlée. A 19 ans, le 30 Mai de l’An de Grâce 1431.

Au pied de son bûcher, les re-visiteurs de l’histoire n’auront eu de cesse d’allumer des fantasmes et d’attiser les mystères. De voir en elle une bâtarde royale, un prince travesti, une aventurière hallucinée. Beaucoup d’inventions, de mystifications… Jeanne était bien Pucelle mais elle n’a jamais été bergère. Jeanne n’a pas sauvé la France, mais elle lui a redonné un roi et l’espoir. Elle lui aura fait aussi connaitre pour la 1ère fois l’unité. C’était il y près de 6 siècles. Quelque chose de la Providence.