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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur la performance réalisée par Tadej Pogacar lors du contre-la-montre. Selon elle, le maillot jaune l'attend.

Après cinq jours de course, on connaît déjà le vainqueur du Tour de France, ou presque. Tadej Pogacar a frappé fort hier dans le premier contre la montre. Le Slovène, vainqueur de la grande boucle l’année dernière, n’a pas encore le maillot jaune. Mais il est déjà bien parti pour l’emporter à Paris. Pour Virginie Phulpin, c’est difficile de se réjouir de ce coup de force. 

On ne voit pas le temps passer, moi. L’Euro, c’est fini, et voilà que le Tour aussi. A ce rythme-là, demain, ce sera la rentrée scolaire. Si on laisse Tadej Pogacar se battre contre la montre, à la fin c’est lui qui gagne. En fait, ce Tour de France s’est limité à un Tour de Bretagne cette année. 4 jours pour rêver, voir Julian Alaphilippe s’échapper du peloton pour conquérir le maillot jaune et donner des couleurs à la France, essuyer une petite larme quand Mathieu Van der Poel lui a repris ce maillot en pensant à son grand-père Raymond Poulidor et être ébahi par Mark Cavendish qu’on ne pensait pas revoir sur la grande boucle et qui est venu y arracher le 31ème sprint de sa carrière. Quelques jours de romantisme avant que Tadej Pogacar ne nous ramène brutalement sur terre avec ses gros sabots ce mercredi. Le Slovène n’a que 22 ans, autant dire qu’il n’a que faire de notre nostalgie et de nos états d’âme. Il est là pour appuyer sur la pédale et écraser la concurrence. Et il n’a pas fait dans le détail sur les routes de Mayenne, laissant tous ses adversaires sur le bord de la route. D’accord, il n’a pas encore le maillot jaune ce matin. Mathieu Van der Poel l’a conservé pour 8 petites secondes. Elles fondront comme neige au soleil dès que la route s’élèvera, dès ce week-end. Oui, Tadej Pogacar a sur le dos une pancarte de futur vainqueur à peu près aussi discrète que la pancarte Omi Opi de la spectatrice qui a fait chuter le peloton samedi. 

Ça tue le suspense, certes, mais on ne va pas reprocher à Pogacar d’être là pour gagner

 

Le Slovène met un soin tout particulier à préparer ses contre la montre. Ca fait partie de son boulot, bien sûr, et s’il est plus sérieux et plus doué que les autres, normal que ça paie. Mais écraser la concurrence à ce point, on n’y peut rien, ça ne rappelle pas de bons souvenirs aux amateurs du Tour. Et quand vous voyez l’expression de dégoût sur le visage de son dauphin hier, Stefan Küng, ça en dit long sur l’impossibilité de se réjouir totalement d’une telle domination. Attention, on ne dit pas que Pogacar est dopé, sûrement pas, rien ne permet de dire ça. Mais quand les meilleurs spécialistes du contre la montre roulent à 50 kilomètres heure de moyenne comme hier, et que le Slovène les fait passer pour des cyclotouristes en sortie dominicale, ça laisse un petit goût amer dans la bouche. C’est peut-être injuste, mais ainsi va la vie de ceux qui dominent outrageusement le Tour, ils doivent trimballer avec eux ces relents de suspicion. Ça doit être fatiguant et insupportable, reconnaissons-le. Mais si Tadej Pogacar a un mental aussi fort que ses jambes, il va s’en remettre facilement.